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Cette scène audacieuse, qui emprunte les codes propres aux jeux vidéo (Kurzel est le réalisateur d’Assassin’s Creed avec Michael Fassbender et Marion Cotillard (!) dont la sortie prévue en 2016), va jusqu’à faire penser à des samouraïs sur un champ de bataille, et bien sûr, on pense tout de suite à Kurosawa. Fait à noter que Kurosawa a adapté Macbeth dans Throne of Blood, une transposition de la pièce qui se déroule dans le Japon du XVIe siècle. En poussant le tout encore un peu (et n’est-ce pas là le plaisir de la critique et de l’analyse?), on peut aisément avoir en tête des westerns spaghettis, batailles rocambolesques à l’appui.
Ici, chez Kurzel, un montage lent, de majestueux plans d’une nature montagneuse, sauvage et désolée, l’utilisation de couleurs vibrantes, sanguinaires et poussiéreuses, ainsi que l’usage du texte d’origine, formé de vers, sont autant de choses qui créent des images tourbillonnantes et référentielles à toute une mythologie qui entoure forcément Macbeth (on parle de Shakespeare, quand même, alors autant mieux assumer ce qui a été fait avant), que d’images nouvelles qui jalonnent le parcours d’un homme ordinaire, auparavant «honnête» et qui finira par se perdre dans une folie dévastatrice. Les méandres de la folie sont-ils infinis? Les références présentes dans cette adaptation nous encouragent à croire que oui.
Bandes noires au visage donc, signe précurseur de la prison mentale dans laquelle Macbeth (fiévreux Fassbender, au physique et à l’esprit toujours aussi hanté et habité), se retrouvera forcément, cette production, malgré bon nombre d’ellipses, montre très bien cette chute. Le résultat ne s’en retrouve pas bâclé, fort heureusement. Un sentiment d’urgence s’en dégage plutôt.
Mais tout de même, même si Shakespeare est ce qu’il est, et qu’il est impossible de tout inclure dans un film de deux heures, on aurait aimé voir plus en détail, la gradation de la folie chez Macbeth. Comment un être à la base «bon» devient-il tyran? Cotillard, ici en femme ambitieuse et à la morale ambiguë joue bien son rôle, mais n’en dit peu sur ce qu’est devenu son mari, qu’elle finit par craindre. Avec un acteur aussi habile que Michael Fassbender, il aurait été facile d’en ajouter sans trop en faire. Sa performance n’en souffre cependant pas, lui qui est juste et disons-le très versatile.
À voir en salles, évidemment, pour la force et la lenteur d’un récit obsédant, à l’image du héros (antihéros?) et de la folie qui l’habite.
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