«Dark Places» de Gilles Paquet-Brenner d'après le roman de Gillian Flynn – Bible urbaine

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«Dark Places» de Gilles Paquet-Brenner d’après le roman de Gillian Flynn

«Dark Places» de Gilles Paquet-Brenner d’après le roman de Gillian Flynn

Quelque chose de pourri au royaume du Kansas

Publié le 5 août 2015 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Festival Fantasia

L'auteure de romans à succès Gillian Flynn a le vent dans les voiles à Hollywood. Un an après l'adaptation cinématographique de son bestseller Gone Girl par David Fincher où elle s'était prêtée au jeu de scénariste, elle voit maintenant un autre de ses livres porté au grand écran. Très attendu, Dark Places est réalisé par le Français Gilles Paquet-Brenner et met en scène la comédienne Charlize Theron. Cette dernière porte sur ses frêles épaules le poids d'un film très noir et captivant, mais manquant un peu d'imagination.

Libby Day a vu sa vie et son destin transformés à jamais lors d’une nuit tragique alors qu’elle n’était âgée que de 7 ans. Sa mère et ses deux soeurs ont été alors sauvagement assassinées et la petite Libby a assisté au carnage de toute sa famille par son frère qui a par la suite été accusé.

Vingt-cinq ans plus tard, elle accepte de revivre ce cauchemar alors qu’elle est recrutée par une agence très singulière qui enquête sur des crimes non résolus et dont les membres ont la ferme intention de faire sortir le frère de Libby de prison, convaincus de l’innocence de ce dernier. Il n’y a que Libby qui sait véritablement ce qui s’est déroulé cette nuit-là.

Mais les souvenirs d’une enfant de sept ans sont souvent trompeurs…

Découvert avec son premier long-métrage Les jolies choses en 2001 et en 2014 avec Elle s’appelait Sarah, Gilles Paquet-Brenner est un réalisateur à surveiller. Polyvalent, il touche autant au drame qu’au film d’horreur et tourne autant en France qu’aux États-Unis. Avec Dark Places, il signe un film glauque qui critique sévèrement le système judiciaire américain, se basant sur des préjugés et non sur des faits pour étayer son propos. Cela n’est pas sans rappeler le Gone Girl de Fincher, qui étrillait également cette société américaine embourbée dans la culture du paraître. À l’instar de Fincher, Paquet-Brenner est vitriolique dans son propos, mais là où il n’arrive pas à égaler le cinéaste américain, c’est dans la forme.

On ne peut reprocher à Dark Places son bon filon narratif. Gillian Flynn est une conteuse hors pair, c’est indéniable. Les allers et retours dans le temps sont toutefois très bancals à l’écran. Si ce n’est de la performance de Charlize Theron, qui joue tout en subtilité l’abandon du personnage à toute forme de vie normale, s’enlisant dans le malheur et le cynisme, l’histoire en temps réel est presque dénuée d’intérêt. Le groupe cherchant à innocenter le frère de Libby n’est plus du tout évoqué après l’introduction. Son chef de file, incarné par Nicholas Hoult (qui retrouve sa partenaire de jeu de Mad Max: Fury Road), est très effacé et est vite relégué au second plan dans la quête de vérité de Libby.

Ce qui se déroule à Kansas City dans les années 80 est beaucoup plus enlevant. Une mère de famille monoparentale au bout du rouleau (Christina Hendricks arrive à se départir de son personnage de la sulfureuse Joan dans Mad Men et crève l’écran), le frère de Libby en perdition devant son excentrique copine manipulatrice et droguée qu’il a mise en scène (Chloë Grace Moretz) et des rumeurs de sectes sataniques dans l’air. Il va sans dire, quelque chose est définitivement pourri au royaume du Kansas.

Gilles Paquet-Brenner aurait pu pousser la note et offrir un film audacieux. Le tout manque cruellement de ce côté irrévérencieux qu’a su exploiter David Fincher avec Gone Girl. La fin de Dark Places est bousculée et un bulletin de nouvelles en guise d’épilogue (pour bien expliquer un dénouement) est chose facile. Le cinéaste est tombé dans le piège et a évité de trop jouer la carte de la noirceur au lieu d’y sauter à pieds joints. Dommage!

Dark Places a été présenté en primeur à Fantasia, mais prend officiellement l’affiche le 7 août.

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