«Southpaw» d’Antoine Fuqua – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«Southpaw» d’Antoine Fuqua

«Southpaw» d’Antoine Fuqua

Jake «The Great» Gyllenhaal frappe encore

Publié le 23 juillet 2015 par Alyssia Duval

Crédit photo : Les Films Séville

Initialement conçu comme une sorte de prolongement métaphorique du film 8 Mile (2002) et prévoyant le retour au grand écran d’un certain rappeur caucasien n’ayant plus besoin de présentation, Southpaw s’est plutôt targué des talents de Jake Gyllenhaal pour incarner son personnage principal. Un choix judicieux car, de toute évidence, la performance de ce dernier est de loin la plus grande qualité de ce drame sportif mettant aussi en vedette Rachel McAdams, Forest Whitaker et Curtis ‘50 Cent’ Jackson.

Matthew McConaughey peut aller se rhabiller; Jake Gyllenhaal est désormais LA star montante à garder en ligne de mire. Après avoir perdu plus de vingt livres pour son rôle inoubliable de sociopathe nocturne dans Nightcrawler (2014), le revoilà gonflé à bloc, ce poids entièrement regagné en pur muscle. Il entre cette fois dans la peau de Billy Hope, champion mondial de boxe chez les mi-lourds dont les techniques offensives carabinées font jubiler ses fans et frémir ses adversaires.

Supporté par sa ravissante femme Maureen (McAdams), sa fille Leila (excellente petite Oona Laurence) et son illustre gérant (50 Cent), il est couronné de succès dans le ring comme à l’extérieur, jusqu’au jour où une violente tragédie vienne enlever la vie à Maureen. Sombrant aussitôt dans un état d’esprit autodestructeur qui le fera toucher aux plus creux des abysses émotionnels et financiers, il devra se battre – littéralement et figurativement – pour regagner son titre et, surtout, le droit de garder sa fille chérie.

Critique-film-movie-review-Southpaw-Antoine-Fuqua-2015-Bible-urbaine

Malheureusement, l’intrigue de Southpaw est aussi conventionnelle et devinable que le laisse entendre ce synopsis. Écrit par Kurt Sutter, dont le curriculum vitae laissait pourtant croire qu’il maîtrisait à merveille l’art du récit (il s’agit tout de même du créateur des téléséries The Shield et Sons of Anarchy), le scénario est bourré de maladresses et de clichés mélodramatiques qui n’en font, tout compte fait, qu’une autre histoire d’athlète déchu en quête de rédemption.

Bien que l’on puisse déceler dans la réalisation d’Antoine Fuqua (Training Day, Shooter, The Equalizer) une certaine rigueur créative, surtout dans les scènes de boxe très bien chorégraphiées, filmées et montées, le cinéaste reste victime de ce schéma narratif trop classique duquel il semble difficile d’extraire quelque surprise que ce soit. 

Dieu merci pour Gyllenhaal, toujours si profondément habité par son personnage qu’on n’a d’yeux que pour lui, et quoique celui-là ne sera certainement pas le rôle décisif, de douces effluves d’Oscar continuent de flotter au-dessus de sa tête. Toujours est-il que d’outrepasser un scénario raté est une tâche pour le moins laborieuse et, malgré des efforts et une inspiration manifestes, Antoine Fuqua n’y est point parvenu avec celui-ci. Bref, son Southpaw manque de punch (pardonnez le jeu de mots).

Une mention spéciale s’impose toutefois pour Eminem et sa chanson Phenomenal, écrite pour la bande originale du film, qui fait écho au Slim Shady que l’on aimait tant au tournant des années 2000.

«Southpaw» prend l’affiche au Québec dès vendredi.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Critiques de films critique-film-movie-ojuju-cj-fiery-obasi-nigerian-fantasia-2015-bible-urbaine

«Ojuju» de C.J. «Fiery» Obasi

Vos commentaires

Revenir au début