«Le baptême de...» John Waters – Bible urbaine

Cinéma

«Le baptême de…» John Waters

«Le baptême de…» John Waters

Remonter à la source et y puiser une eau infecte avec «Mondo Trasho» (1969)

Publié le 9 mai 2016 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : McCallum Theatre / Tous droits réservés

– Mondo Trasho est en fait un collage de pièces musicales, soutenant un fil narratif pour le moins grotesque. Une femme attend le bus, marche dans un parc puis se fait violer (le viol constitue un élément déclencheur typique chez Waters). Divine, qui passait par là, écrase par mégarde la malheureuse avec sa voiture. La culpabilité grandissante laisse place à la folie, à un point tel que les mots manquent pour décrire le dénouement (en fait, il n’y a rien à comprendre).

– John Waters ne veut plus entendre parler de ce film et le juge trop long et ennuyeux. Il a raison.

– Comme bien d’autres réalisateurs, John aime travailler avec ses acteurs fétiches. À titre d’exemple, Mary Vivian Pearce et Mink Stole, deux noms qui ne vous disent absolument rien, figurent au générique de chacun des douze films de Waters, ces derniers couvrant une période de plus de quarante ans. Mondo Trasho introduira une bonne partie de tout ce beau monde, regroupement connu sous l’appellation Dreamlanders. Ressortant du lot, Divine (Harris Glenn Milstead, personnage extraordinaire ayant fait l’objet de quelques documentaires) sera irrémédiablement liée à l’œuvre de Waters et vice versa, tous deux complices au cinéma et grands amis au quotidien.

– La fin des années 1960 représente un dur moment pour peu que l’on soit un poulet. Amis des animaux, fermez les yeux ou serrez le bras de quelqu’un, car la mention «aucun animal ne fut blessé lors de ce tournage» ne s’applique pas à Mondo Trasho. Ça devait être dans l’air du temps, alors que même le grand Werner Herzog s’en donnait à cœur joie en martyrisant de la volaille dans son Even Dwarfs Started Small (1970), long-métrage lui aussi bougrement étrange il va s’en dire.

– John Waters n’a jamais payé les droits d’auteur sur les chansons utilisées. Ce qui explique pourquoi vous ne trouverez pas de copie physique de ce film au HMV le plus près de chez vous.

Bref, ce baptême cinématographique ne saurait plaire qu’aux plus mordus des fans de Waters et encore là! Même chose pour Multiple Maniacs (1970), qui souffre du même problème de droits d’auteur.

Je vous recommande donc, à défaut de Mondo Trasho, de vivre l’expérience Pink Flamingos (1972).   Celui-là est légal et disponible sur tous les formats. J’ai même déniché ma copie personnelle dans un défunt Zellers, pour la modique somme de quatre dollars. Faites-en un évènement. Invitez amis et connaissances. Grand-papi, la p’tite sœur, le cousin Steve… toute la compagnie! Placez à la disposition de tous serviettes humides et crudités, bref, tout le nécessaire pour faire de cette soirée la plus belle après le réveillon. Vous m’en donnerez des nouvelles. Prière de d’abord en lire le synopsis.

TITLE: PINK FLAMINGOS • PERS: DIVINE • YEAR: 1972 • DIR: WATERS, JOHN • REF: PIN026AE • CREDIT: [ THE KOBAL COLLECTION / DREAMLAND PRODUCTIONS ]

On connaît aussi Waters pour Polyester (1981),  le fameux film en odorama. À l’entrée du ciné, on vous remettait un carton avec des pastilles odorantes à gratter à l’instar des dragées surprises de Bertie Crochue, ça ne laissait présager rien de bon! On peut d’ailleurs retrouver des paroles extraites de Polyester sur la piste géniale «Frontier Psychiatrist» du groupe The Avalanches.

«Mr Kirt, Dexter’s in school?

I’m afraid he’s not, Miss Fishpaw. Dexter’s truancy problem is way out of hand. The Baltimore County school board have decided to expel Dexter from the entire public school system.

Oh Mr. Kirt, I’m as upset as you to learn of Dexter’s truancy, but surely, expulsion is not the answer!

I’m afraid expulsion is the only answer. It’s the opinion of the entire staff that Dexter is criminally insane!»

Si vous aviez besoin d’une preuve quant à l’importance culturelle de John Waters, voici l’ultime consécration: un épisode entier des Simpsons lui étant consacré (Homer’s Phobia). Dans celui-ci, Homer se lie d’amitié avec John, ouvertement homosexuel et doublant son propre alter ego animé… jusqu’à ce que notre célèbre père de famille ventripotent se mette à craindre quant à la possible «perte de virilité» de son fils Bart.

Ne craignez rien, tout rentrera dans l’ordre et Homer en retiendra une belle leçon sur la tolérance. L’épisode datant de 1989, premier de la série à traiter d’homosexualité, sera salué par la Gay & Lesbian Alliance Against Defamation et remportera même un prix Emmy. Pas mal du tout!

Mon coup de cœur par John Waters: le seul, unique et absolument répugnant Pink Flamingos (1972).

Prochaine chronique à surveiller: «American Beauty» (1999) de Sam Mendes.

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