«Les 3 p’tits cochons 2» de Jean-François Pouliot

La mémoire la plus courte, ou devrait-on plutôt écrire l’hypocrisie la moins transparente, appartient sans aucun doute à Rémi (Paul Doucet), l’aîné du trio de frangins. Le film débute alors que ce dernier, en voyage d’affaires en Asie, trompe sa compagne Dominique (Sophie Prégent, merveilleuse) avec une jolie jeune femme locale. À son retour, malheur et horreur, sa douce moitié lui présente les preuves de son infidélité. Dehors, cochon!

Sitôt le conjoint expulsé avec ses valises que Dominique accueille son beau-frère Christian (Guillaume Lemay-Thivierge) toujours aussi excité qu’un lapin et se promenant en chest pour au moins la moitié du film. Lui aussi, petit cochon, s’est fait montrer la porte par une femme à bout. Une tension sexuelle s’installe entre Dominique et lui, on croque dans la pomme du péché et puis boum!, une idylle s’installe. Espérons toutefois que Rémi n’en soit jamais informé! Quoique ce dernier a maintenant la tête ailleurs, enfouie dans les bras du jeune Olivier.

Patrice Robitaille reprend le rôle de Mathieu (originellement occupé par Claude Legault) et la transition se déroule sans heurts. Victime d’une mauvaise chute et désormais incapable de bouger correctement tous ses membres, Mathieu reçoit de l’aide à domicile pour faire sa toilette. Une dénommée Ginette, petite madame d’âge mûr, lui savonnera donc la trique avec tout ce qu’une comédie nommée Les 3 p’tits cochons 2 peut sous-entendre en termes de contenu humoristique. Schwing!

Il faut aimer le vaudeville pour apprécier à sa pleine mesure le scénario co-écrit par Claude Lalonde et Pierre Lamothe. Tout le monde se ment, se fait des idées et se met les pieds dans les plats de manière pas possible, pour aboutir à un dénouement où les trois frères laveront leur linge sale en famille, comme on dit. Et qui dit grosse chicane, dit grosse réconciliation?

Les blagues sont dans l’ensemble plutôt prévisibles. Quand Mathieu pointe à son frère Christian les travaux à réaliser sur la toiture de sa maison en grimpant avec lui, qu’il s’approche du rebord en insistant sur le fait que ça va lâcher bientôt, que ce n’est pas solide, on SAIT qu’il va tomber! Et il tombe! Ha ha! Ainsi, en annonçant à l’avance certains punchs, le plaisir coupable que l’on pourrait ressentir à la vue des 3 p’tits cochons 2 en pâtit un brin, sans grands mérites pour le racheter.

Quand on rit, on rit gras et ce ne sont pas les nombreuses érections et pantalons tendus qui nous le feront oublier! Aussi faut-il mentionner que l’une des scènes les plus comiques (elle fait surtout sourire) se déroule lors du générique de fin, ce qui en dit long sur l’envergure des gags utilisés jusque-là.

Quelques lacunes du premier titre de la série ont été révisées et grandement améliorées à l’occasion de cette nouvelle mouture cochonne. Le pacing entre les différentes scènes affiche plus de tonus et les longueurs occasionnelles s’en trouvent par conséquent réduites. Le travail à la réalisation saute également aux yeux, alors que les prises de vues et déplacements de caméra démontrent une aisance que l’on peinait à déceler dans le cadre du premier opus. Jean-François Pouliot possède un peu plus d’expérience que Patrick Huard, disons-le!

On retrouvera d’ailleurs le réalisateur chevronné dès l’automne prochain, alors qu’il assure la réalisation de Votez Bougon, l’un des films québécois les plus attendus cette année. Autre coup fumant au box-office pour Jean-François Pouliot, l’homme ayant pondu La guerre des tuques 3D ainsi que La grande séduction? Assurément! Et certainement plus pertinent que Les 3 p’tits cochons 2.