MusiqueEntrevues
Crédit photo : Michael Slobodian
«Nous sommes les instruments qui permettent aux jeunes compositeurs d’exprimer leurs idées musicales», nous a confié Isabelle Bozzini, rejointe au bout du fil alors qu’elle se rendait, en compagnie de son partenaire Clemens Merkel, à l’université Concordia pour des répétitions en vue du Composer’s Kitchen. C’est que le jour J approche à grands pas, et entre leur retour de Bruges, en Belgique, et leur départ imminent pour l’Angleterre, les membres du Quatuor Bozzini ne chôment pas. De fait, et parallèlement à leurs nombreux déplacements à l’international pour faire briller nos œuvres canadiennes, ces musiciens passionnés s’activent quotidiennement les neurones pour transmettre à la jeune relève de demain leurs connaissances de leur métier, de l’idéation à la composition, jusqu’à l’annotation d’œuvres classiques.
«Au commencement du Quatuor, on s’est vite rendu compte qu’on avait tendance à perdre le contact avec la nouvelle génération de compositeurs. On avait envie de savoir où ils en étaient dans leur processus, ce qu’ils écoutaient, ce qu’ils entendaient. On sentait qu’il n’y avait pas tellement de travail à ce niveau-là dans les écoles, et on souhaitait leur donner les outils». C’est donc avec ce désir de transmettre à la génération qui les suit que le Quatuor Bozzini a mis sur pied le Composer’s Kitchen, un lieu privilégié pour la relève et une occasion de présenter, devant des mentors, une œuvre de leur répertoire, qui évoluera jusqu’à son aboutissement au cours d’ateliers-discussions, de salles de jeux, de laboratoires et de cours de maître.
«On voulait leur donner une meilleure base comme interprète, une formation plus pratique». Le Composer’s Kitchen est donc devenu, au fil des quinze dernières années, l’occasion parfaite pour ses compositeurs d’acquérir des outils précieux leur permettant d’apprendre, d’échanger, de créer des liens et de parfaire leurs techniques. «Ce sont des jeunes qu’on souhaite équiper. On est là pour travailler, stimuler, connecter et surtout apprendre en collectif et prendre des risques. On travaille à devenir des collaborateurs à part entière dans leur processus de création. Ce n’est pas nous qui composons; on veut guider leurs idées, les aider à clarifier leurs propos, leur façon d’annoter. On remet en question la forme aussi pour les aider à briser le moule. Telle est notre philosophie.»
Afin de rendre public le travail de ces 74 compositeurs avec lesquels ils ont tissé des liens, les membres du Quatuor Bozzini tiennent à souligner leurs efforts, leur rigueur et leur potentiel en leur rendant hommage lors du Composer’s Kitchen: 15 ans de découvertes, durant lequel les spectateurs pourront entendre des pièces choisies de Gabriel Dharmoo, Cléo Palacio-Quintin, Andrea Young, Emilie Cecilia LeBel, Anna Höstman et Patrick Giguère. «Le choix fut difficile, mais pour faire notre sélection, on a décidé de présenter, ce soir-là, uniquement les œuvres que l’on avait jouées à l’international et non à Montréal.»
L’idée, c’est de souligner 15 années de belles découvertes en vivant un moment festif où des bouchées seront servies… car «la vraie cuisine est une forme d’art, un cadeau à partager», comme l’a si bien dit Oprah Winfrey!
Parce que musique et gastronomie font toujours bon ménage et que le Composer’s Kitchen: 15 ans de découvertes est l’évènement par excellence qui éveillera tous vos sens, nous avons eu l’envie d’entrer dans la cuisine du Quatuor Bozzini!
Quelle musique écoutez-vous en préparant un bon petit souper dans la cuisine?
«C’est très éclectique! Ça va du jazz classique au jazz expérimental à la musique indienne et à la musique électronique, pour voir ce que notre fils écoute. Sinon, les Beatles ou Mes Aïeux, que notre fille découvre tout juste et qu’elle nous remet en boucle! La musique contemporaine aussi. Il nous arrive même de ressortir de vieilles affaires, comme Jimi Hendrix ou Jean Leloup.»
Quel est le déjeuner parfait avant de sortir l’archet pour répéter, et préférez-vous l’agrémenter d’un thé ou d’un café?
«Un œuf a la coque! On est plus thé le matin (mais le Quatuor complet s’équilibre bien entre thé et café!)»
Quel est le point commun entre un instrumentiste et un chef cuisinier, selon vous?
«On travaille comme des fous, on ne fait pas beaucoup d’argent, et on aime passionnément ce que l’on fait! On est des expérimentateurs, des gens de routine intense. On joue avec les couleurs et les textures. Eux, ce sont les goûts, nous, les sons.»
Que trouvez-vous le plus stimulant: l’expérimentation culinaire ou musicale?
«Ça, ça dépend… de l’heure qu’il est dans la journée!»
Quels sont les six pays qui vous inspirent le plus question cuisine et quel morceau d’un compositeur classique s’y rattache le plus pour chacun?
«Assurément le Japon, avec Gondola de Linda C. Smith (Toronto), l’Italie, avec Daydream Mechanics V de Michael Oesterle (Deux-Montagnes), l’Allemagne, avec About Bach de Cassandra Miller (Londres), la Chine, avec Contact:Vault de Martin Arnold (Toronto), la France, avec Icebergs — Soleil de minuit de Simon Martin (Montréal) et, finalement, l’Inde, avec Innamorati (extrait de Commedia III) d’Ana Sokolović (Montréal).»
Le concert Composer’s Kitchen: 15 ans de découvertes du Quatuor Bozzini se tiendra à la Chapelle historique du Bon-Pasteur (100, rue Sherbrooke Est) le 6 mars 2019 à compter de 19 h. Les billets, disponibles pour achat en ligne et à la porte, se vendent 15 $ (artistes, étudiants, aînés) et 25 $ au prix régulier. Pour plus d’information, visitez le www.quatuorbozzini.ca.
*Cet article a été commandité par Groupe Le Vivier.