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Crédit photo : Mathieu Pothier
À 21h30 tapantes, les lumières se sont éteintes, les spectateurs les plus fébriles se sont mis à siffler et à acclamer haut et fort celle que l’on attendait tous avec impatience, qui a fini par apparaître d’abord sous la forme d’une projection noire sur blanc, alors que les lumières flashaient par intermittence. La vraie Jain a finalement pris place derrière ses machines, nous saluant de la main, avant de démarrer sa prestation avec «On My Way», la première des sept pièces qu’elle allait nous dévoiler en primeur d’ici la sortie de son deuxième album Souldier, prévue le 24 août.
Avec ses sonorités et son chant arabiques qui démontraient bien la palette de styles world de Jain, on a eu droit à un bel aperçu de ce qui s’en vient dans nos tympans: une variété de beats hyper entraînants qui promettent d’aller dans tous les sens pour le bonheur de nos tympans.
«Merci d’être là, c’est vraiment un truc de fou», s’est exclamée Jain après la pièce d’ouverture, visiblement touchée d’avoir devant elle autant d’admirateurs réunis au MTELUS par cette canicule. Celle qui en est à sa quatrième fois à Montréal, après avoir notamment pris part à Osheaga en 2017, semble être passée experte dans l’art de créer des liens, puisque les Montréalais lui ont démontré, pour ce premier concert d’une série de deux, toute leur admiration, l’écoutant à la lettre. «Êtes-vous prêts à danser?», a-t-elle demandé avant «Hope», et le public a dansé. «Ça va Montréal, pas trop chaud? Êtes-vous prêts à donner tout ce que vous avez?», a-t-elle demandé avant «Dunabeat», et le public a donné tout ce qu’il avait.
Jain a ainsi multiplié les interactions avec ses fans, jamais pour conter des anecdotes, toujours pour dynamiser l’instant et s’assurer l’entière participation de son public, autant celui du parterre que celui à l’arrière et au balcon. Ayant délaissé sa robe noire à col Claudine de l’époque de Zanaka pour un costume droit bleu flash d’apparence militaire, Jain porte bien ça, les couleurs, même si elle a souvent tendance à parler de choses sombres à travers ses chansons. La preuve étant son récent tube «Alright», où elle parle d’une rupture amicale alors que le tempo est ultra catchy. Celle qui est née à Toulouse semble prendre un malin plaisir à transformer le négatif en positif, un peu comme Baudelaire se plaisait, à travers Les Fleurs du mal, à rendre poétiquement beau ce qui est laid.
Avec son amour pour les rythmes du monde à la fois festifs et mélodiques, Jain s’est trouvée une signature singulière qu’elle sait rendre sur scène de belle façon, seule contre tous. Car elle s’est présentée en solo sur scène, sans musiciens, défendant elle-même ses nouvelles pièces («Star», «Alright» et «Oh Man» ont été bien accueillies). Ses techniciens lui ont apporté un support avec deux guitares l’instant d’une seule chanson («Come»). Sinon, à son bras gauche, elle avait un contrôleur à distance connecté wi-fi qui lui permettait de gérer ses loops sans avoir à se tenir derrière ses machines tout au long de sa prestation. Ce bras coloré lui a justement permis d’occuper l’avant-scène, mandat qu’elle a accompli avec brio, bougeant et dansant au rythme de ses mélodies festives et débordantes d’enthousiasme.
En prime, elle nous a offert l’inédite «Paris», qu’elle a composée au lendemain des attentats en France, un morceau que l’on ne retrouve sur aucun de ces albums. Faites une petite recherche sur YouTube, vous y trouverez assurément une version live, elle en vaut le coup. Puis elle nous a annoncé que c’était là sa dernière chanson, mais personne n’était dupe: elle est revenue après l’un de ces vacarmes pour nous livrer un rappel de deux chansons durant lequel elle a chanté «Inspecta» et «Makeba», l’un de ses gros hits.
Une tranche de vie de concert avant de se quitter: alors que plusieurs tentaient de quitter le parterre pour aller emplir leurs poumons d’air frais, Jain a gentiment demandé à ce que tout le monde s’assoie par terre en indien. Alors qu’une masse de gens se sont assis d’un coup, il n’y avait plus un centimètre carré pour bouger, donc plusieurs sont restés figés au parterre, comme des statues de marbre, incapables de quitter leur position et de sortir de la salle. Il aura fallu le signal de la Française pour que tous se lèvent d’un bon pour danser une dernière fois et libérer ces pauvres gens qui n’en pouvaient plus de cette chaleur.
Ces 75 minutes sont passées dans le temps de le dire. C’est signe qu’on a passé un bon moment en ta compagnie, Jain.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Intro
2. On My Way
3. Heads Up
4. Hope
5. Star
6. Mr. Johnson
7. Alright
8. Dynabeat
9. Flash
10. Come
11. Oh Man
12. Paris
Rappel
13. Inspecta
14. Makeba