Ludovico Einaudi au Centre Bell lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018 – Bible urbaine

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Ludovico Einaudi au Centre Bell lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018

Ludovico Einaudi au Centre Bell lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018

Un spectacle nouveau genre en formule rock band

Publié le 5 juillet 2018 par Éric Dumais

Crédit photo : Mathieu Pothier

Après avoir vécu la fabuleuse expérience d’un plateau double réunissant les pianistes Jean-Michel Blais et Ólafur Arnalds sur la grande scène de la Maison symphonique de Montréal, j’ai décidé de m’offrir, à l’instar des 5 600 spectateurs présents au Centre Bell à mes côtés, un second concert de musique classique durant le Festival International de Jazz de Montréal. Quoi de mieux que la tournée Essential Einaudi pour se plonger dans l’univers doucereux de l’Italien Ludovico Einaudi, un désormais grand habitué de notre métropole.

Hier encore, Einaudi présentait son album Divenire devant une poignée de personnes – dont moi-même, dans l’intimité de la salle Oscar Peterson Hall, seul avec son piano et son MacBook pour lancer les nappes électroniques. Plus tard, il s’est offert la Salle Pierre-Mercure avec un orchestre de dix musiciens pour présenter In a Time Lapse, puis, enfin, la Maison symphonique, pour un concert haut en couleur avec une acoustique irréprochable. Cette fois, il nous présentait un spectacle nouveau genre en partie autour d’Elements et au sein duquel il nous a fait voyager à travers les différents tableaux de sa prolifique carrière.

C’est avec la pièce «Petricor» que Ludovico Einaudi a démarré la soirée, offrant une timide salutation de la main avant de prendre place devant son imposant piano à queue, dos au public. À ses côtés, cinq multi-instrumentistes formaient un rock band pas piqué des vers, disposant d’une multitude d’instruments, allant de la guitare acoustique à la guitare électrique, du violon acoustique au violon électrique, du violoncelle, de la basse, des percussions, du triangle, du xylophone, des programmations électroniques et même d’une mystérieuse percussion qui ressemblait à une râpe à fromage et sur laquelle l’un des musiciens frappait une baguette, tout en lui faisant faire des va-et-vient dans une boîte remplie d’eau. Un vrai charme sonore! Il faut le dire, le calibrage n’était pas à son meilleur lors de cette première pièce, la preuve étant que les notes graves au piano enterraient littéralement les instruments à cordes.

Sauf que, dès la pièce «Elements», on sentait déjà une meilleure répartie de l’ensemble, et on savait, avant même qu’il nous offre l’exquise «Fly», qui a suivi tout juste après, dans quelle odyssée musicale Ludovico Einaudi souhaitait nous convier; c’est-à-dire un deux heures tout en musique où il n’y aurait pas d’interactions pour briser la cadence. Le pianiste de soixante-deux ans a donc épargné sa salive au profit d’un enchaînement savamment exécuté où il nous a offert, en continu, «Newton’s Cradle», «Four Dimension», «Elegy for the Arctic» et plus encore. En milieu de concert, ses musiciens ont quitté la scène, laissant leur chef d’orchestre livrer avec intimité un solo de piano de près de trente minutes où il a offert en continu «Berlin Song», «Tu Sei», «Stella Del Mattino», «Nuvole Bianche» et «Una Mattina» durant lesquelles on aurait pu entendre une mouche volée. Ce sont plutôt des quintes de toux qui venaient troubler l’instant, à tout bout de champ, mais ce n’est pas nouveau, me direz-vous!

Si ce moment intime avec, pour seule compagnie, la présence d’Einaudi au piano était parfait pour se laisser bercer, il n’aurait toutefois pas fallu qu’il s’éternise davantage. Car c’est définitivement en formule full band, avec comme support des projections abstraites sur écran géant, que le pianiste de renommée a réussi à créer une dimension nouvelle à son spectacle.

Sur les dernières notes d’«Eros», Einaudi a enchaîné sans pause le premier couplet d’«Experience», sa pièce devenue un succès international – et qu’on a pu entendre, ici au Québec, dans Mommy de Xavier Dolan, où elle accompagne un grand moment d’émotions durant la finale. Il y a fort à parier que c’est aussi grâce à ce morceau que le pianiste a fait déplacer autant de gens en ce mercredi soir, à voir tous les cellulaires braqués vers la scène, lors de ce même morceau, alors qu’il y avait interdiction de photographier ou de filmer le concert. Qu’à cela ne tienne, le moment était riche en émotions et il fallait bien en conserver un souvenir tangible!

Après une ovation bien méritée, Ludovico Einaudi a quitté la scène pour revenir près d’une minute plus tard pour offrir un rappel de trois pièces, dont le succès «Divenire». Au final, et après ces deux heures bien remplies, nous n’aurons finalement pas eu la chance de déguster «Nightbook», «Uno» ou encore la belle «Primavera», mais on se console en se disant qu’il n’en est pas à sa première fois à Montréal et qu’il reviendra sans doute vite fait, bien fait, dans une nouvelle salle et, pourquoi pas, avec un tout nouveau concept.

Ludovico Einaudi au Centre Bell en photo

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Par Mathieu Pothier

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Petricor

2. Elements

3. Fly

4. Newton's Cradle

5. Four Dimensions

6. The Tower

7. Solo de piano

8. Elegy for the Arctic

9. Numbers

10. Eros

11. The Experience

Rappel

12. Divenire

13. Fuori Dal Mondo

14. Choros

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