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Crédit photo : Éditions Gallimard
C’est avec une telle fulgurance que l’auteure Catherine Cusset raconte la vie de David Hockney, tout comme elle l’avait fait avec le triste destin de son ami Thomas dans L’autre qu’on adorait. L’écriture de Cusset n’a rien de contemplatif; les temps morts n’existent pas et il en émane une énergie qui atteint inévitablement le lecteur.
On constate rapidement en contrepartie que la vie remplie du personnage Hockney n’est pas épargnée par les coups durs. Le style de l’écrivaine française vivant à New York accentue d’ailleurs les extrêmes que la vie peut amener. C’est aussi un souffle incessant qui correspond parfaitement à cette Amérique où tout est possible, mais où la chute peut être parfois aussi dure que l’atteinte du sommet.
Si l’absence de dialogues peut faire perdre le rythme dans certaines œuvres, ici, ce n’est nullement le cas. Le condensé de vie en moins de 200 pages, les phrases décrivant les nombreux déplacements et évènements, ainsi que la capacité de l’auteure à nous faire ressentir ce que le protagoniste vit intérieurement, comblent le lecteur.
En fait, la vie intérieure de l’artiste, ses joies, ses déceptions et ses angoisses nous happent instantanément grâce à la narration à la troisième personne du singulier choisie par la femme de lettres. Ce type de narrateur imprègne Vie de David Hockney de réalisme, de vraisemblance.
Bien que toute une faune artistique gravite autour de l’homme britannique – notamment Christopher Isherwood, romancier et scénariste; son copain Don Bachardy et le réalisateur Tony Richardson –, les mondanités n’effacent pas les moments difficiles. C’est à cette époque que l’on constate que la sexualité n’est pas que belle et enivrante; elle tue. En fait, les ravages, que cause cette maladie dévastatrice, le sida, affligent de nombreux amis et connaissances de David.
Dans un tout autre ordre d’idées, on apprécie les multiples réflexions sur l’art que David porte sur son œuvre, celle de ses contemporains et des anciens, sur la nécessité ou non de représenter le sujet sur la toile et sur ce qui doit être exprimé. À ce titre, l’auteure ne tombe jamais dans la psychologie fabriquée. On se rend plutôt compte du grand travail de recherche et de lecture qu’elle a réalisé pour tisser ce vibrant récit.
Au final, le talent de l’écrivaine se met une fois de plus au service de la vie d’un personnage qui, osons le dire, se révèle pittoresque.
«Vie de David Hockney» de Catherine Cusset, Éditions Gallimard, 2018, 192 pages, 29,95 $.
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