«Cold Blood» au Carrefour international de théâtre de Québec – Bible urbaine

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«Cold Blood» au Carrefour international de théâtre de Québec

«Cold Blood» au Carrefour international de théâtre de Québec

Un objet théâtral nimbé d’onirisme et de rêve

Publié le 8 juin 2018 par Maude Rodrigue

Crédit photo : Julien Lambert

Dès l’instant qui a suivi la fin de la première représentation de Cold Blood mercredi au Carrefour international de théâtre, les spectateurs ont bondi de leur siège, emplissant l’enceinte du Grand Théâtre de Québec d’une salve d’applaudissements. L’auditoire, reconnaissant pour le moment de grâce qu’il venait de vivre, a gracié l’équipe du collectif Kiss and Cry d’une ovation bien sentie.

L’attirail technique sur lequel repose la création d’effets éblouissants est considérable. Le spectacle se déploie d’ailleurs à deux niveaux, affirme Michèle Anne de Mey, l’une des conceptrices. Sur scène, on assiste à la «fabrication»: les techniciens et interprètes manipulent caméras et moult objets au service de la création d’artifices. Parallèlement, à l’écran, l’échelle à laquelle sont effectuées des manœuvres en miniature est décuplée dans l’optique de transmettre une image simultanée aux spectateurs. Cold Blood compte effectivement comme interprètes principaux… des mains.

Sept morts inusitées et poétiques

Sept tableaux s’enchaînent, relatant autant de morts aux circonstances et aux aspects divers. La survenue de la mort a beau être difficilement prévisible, on s’attend néanmoins à ce qu’elle arbore certains traits familiers.

Or, dans Cold Blood, son visage est méconnaissable lorsqu’elle se présente. Plutôt que de voir défiler le fil de sa vie devant soi, c’est plutôt l’image d’un seul moment, prégnant, qui surgit au dernier instant. Le texte de Thomas Gunzig, vaste chantier sur lequel des embuscades poétiques et oniriques sont tendues au spectateur, emprunte des avenues inusitées. À plusieurs moments, les membres de l’auditoire sont saisis par l’«humour noir» et la verve «acide» de l’auteur, comme les a dépeints Michèle Anne de Mey.

Un processus créatif à la jonction de plusieurs disciplines

Michèle Anne de Mey, issue du milieu de la danse, de même que Jaco Van Dormael, cinéaste et également concepteur, ont effectué un travail à la jonction de diverses disciplines artistiques: outre la danse et le cinéma, Cold Blood s’aventure ainsi sur les champs de la littérature, de la musique et, bien entendu, du théâtre. Le récit a été truffé de nombreuses citations, des allusions étant faites notamment aux mouvements de la danseuse Pina Bausch, de même qu’au cinéma de Tarkovski et de Kubrick.

La compagnie en est à sa deuxième présence au Carrefour international de Québec, après le spectacle intitulé Kiss and Cry, présenté il y a quatre ans. Tandis que le nombre de représentations de ce dernier a avoisiné les trois-cents, celui de Cold Blood s’élève déjà à cent-cinquante.

Dans un entretien qui a suivi la représentation de mercredi, Michèle Anne de Mey a relaté que leur processus créatif a consisté essentiellement à «jouer au petit chimiste». Ils ont mené des recherches pendant quelques semaines, mettant à profit divers objets pour la création d’illusions. Quelques principes ont guidé la conception, notamment ceux de ne tourner aucune scène à l’avance et d’utiliser les mains comme interprètes. Celles-ci – virevoltantes, aériennes, gracieuses – se révèlent étonnamment émouvantes.

La vue de l’équipe s’activant à manipuler les différents appareils sur scène confère une apparente fragilité au résultat. Le spectacle, immense, semble reposer sur un enchevêtrement précaire de sparages techniques: or, tout est orchestré avec doigté – on ne saurait mieux dire -, et réglé au quart de tour, de nombreuses vérifications techniques étant effectuées en amont. 

Dans un tapage de beauté et d’artifices, la mort prend un aspect poétique. Cold Blood bouleverse, et relève du rêve pur.

«Cold Blood» en photos

Par Julien Lambert

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