The Decemberists avec la multi-instrumentiste Eleanor Friedberger au Théâtre Corona

En première partie, on a pu entendre l’Américaine Eleanor Friedberger, qui présentait ici son quatrième album solo. La chanteuse et multi-instrumentiste s’est d’abord fait connaître par le biais du duo The Fiery Furnaces, qu’elle forme avec son frère, Matthew.

Toute seule sur scène, sans effets et sans artifices, l’artiste, qui arbore un look à la Patti Smith, a joué plusieurs morceaux, s’accompagnant à la guitare électrique. Un bon choix, car avec une guitare acoustique, elle aurait été enterrée par les voix des nombreux spectateurs discutant à l’arrière. Il va falloir expliquer aux gens que s’ils veulent jaser, ce n’est pas la place pendant un spectacle. Surtout qu’à côté du Théâtre Corona, il y a un pub: parfait pour socialiser entre amis.

Friedberger a offert une prestation dépouillée et engageante grâce à sa voix chaude et à sa façon de faire sonner sa guitare rock et folk à la fois. Malgré qu’elle paraisse par moments timide, elle a été assez audacieuse pour décrocher le micro de son pied pour son ultime chanson, électro celle-là. Elle a commencé à danser, seule. Une bibitte intéressante, cette Eleanor.

The Decemberists: des musiciens talentueux d’une grande dextérité

Au milieu d’une myriade d’instruments déposés un peu partout, les membres de The Decemberists sont finalement arrivés sur scène en amorçant leur prestation avec une reprise des Smiths, «Please, Please, Please, Let Me Get What I Want ».

Ils ont, d’entrée de jeu, joué des chansons de leur dernier album, I’ll Be Your Girl, dont «Once in My Life», «Your Ghost», «Sucker’s Prayer» et «Cutting Stone». Le huitième album du groupe, qui s’inscrit moins dans leur style traditionnel, usant de plus de synthés notamment, n’a pas fait l’unanimité, tant chez les fans de la première heure que chez les critiques.

Mais les spectateurs présents ce soir-là semblaient ravis d’entendre les interprétations live de ce nouvel album, presque autant que le plaisir de se plonger dans les contes familiers et les riffs d’accordéon de Jenny Conlee des années passées.

Le leader du groupe, Colin Meloy, a, quant à lui, charmé la foule, tant avec ses chansons aux paroles souvent poétiques, qu’avec son esprit vif et son humour légendaires, lors de ses interventions. Par exemple, pour présenter la chanson «Everything is Awful», il a fait allusion à la politique américaine, et cette chanson s’est terminée sur une cascade de confettis tombant du plafond. Humour, disait-on.

Même si Colin Meloy prend beaucoup de place (jamais trop), on ne risque pas d’oublier les musiciens. D’abord, The Decemberists sont huit sur scène. Ensuite, ce sont tous des musiciens extrêmement talentueux qui manient tous plus d’un instrument, toujours avec une dextérité qui fait paraître leur jeu aisé.

En plus des chansons du dernier album, l’auditoire a eu droit à quelques classiques du groupe tels que «Shankill Butchers», «Rox in the Box», «Down by the Water», «O Valencia», «Sons & Daughters» et, bien sûr, «The Mariner’s Revenge Song», chanson avec laquelle le groupe a souvent l’habitude de clore ses spectacles. Il aura fallu attendre le deuxième rappel pour l’entendre.

The Decemberists ont réussi, au final, à donner une excellente prestation, comme toujours, même en présentant presque dans son entièreté un album qui ne figure pas parmi ses plus emblématiques.