«Just Kids» de Patti Smith: l’histoire d’un couple iconique à New York – Bible urbaine

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«Just Kids» de Patti Smith: l’histoire d’un couple iconique à New York

«Just Kids» de Patti Smith: l’histoire d’un couple iconique à New York

Plongez au cœur d’une rétrospective touchante

Publié le 21 mai 2018 par Mathilde Recly

Crédit photo : Éditions Gallimard

Il y a huit ans déjà, Patti Smith publiait un vibrant hommage à son grand amour – et talentueux photographe – Robert Mapplethorpe. Encore aujourd’hui, l’ouvrage Just Kids continue de fasciner par le biais d’une écriture poétique et émouvante où la musicienne rock s’attarde sur la relation qu’elle a entretenue avec son complice de vie au cœur d’un New York artistique et inspirant. Bible urbaine revient sur cette biographie éditée chez Gallimard dans la collection Beaux livres.

«Il y eut des tentations, des sorcières et des démons dont nous n’avions jamais rêvé, il y eut des splendeurs que nous n’avions que devinées. Personne ne pouvait parler pour ces deux jeunes êtres, ni approcher la vérité des jours et des nuits passés ensemble. Seuls Robert et moi pouvions la raconter. Notre histoire, comme il l’appelait. Et en s’en allant, il m’a laissé la tâche de vous la conter.»

Pour l’amour de l’art: entre poésie, illustrations, photographie et musique

Au fil des chapitres de Just Kids, l’amour de l’art partagé par Smith et Mapplethorpe règne en maître. De fait, la passion et l’admiration qu’a vouées l’auteure à Arthur Rimbaud est des plus évidentes. On apprend même qu’elle se rend en pèlerinage à Charleville (commune dont est originaire le poète français), en 1973, en plus de réaliser son portrait et de lui dédier textes et dessins. Par ailleurs, de nombreux poèmes écrits par Patti Smith sont partagés au lecteur, dont «Just Kids (Des enfants)», ou encore un extrait de son recueil Flowers (1989). Des illustrations entrecoupent le récit, telles que Memorial Day de Mapplethorpe (1967) ou un Autoportrait de Patti Smith à Brooklyn (1968); et le livre est parsemé de photos en noir et blanc qui donnent un bel aperçu de la complicité et de l’univers des deux artistes. On admire notamment plusieurs portraits de la chanteuse immortalisés au début des années 1970 sous l’œil aiguisé de son compère.

Évidemment, on apprend aussi comment Patti Smith s’est doucement mais sûrement tournée vers la scène en tant que musicienne. Elle raconte sa première soirée de lecture de poésie mise en musique à St. Mark’s Church, évènement qui va s’avérer être un vrai tremplin pour elle. «Suite à la lecture, on m’a bombardée d’offres. Le magazine Creem a accepté une série de poèmes de moi; on m’a proposé des lectures à Londres et Philadelphie, un livret de poèmes chez Middle Earth Books, et un possible contrat pour un disque chez Blue Sky Records, le label de Steve Paul.»

L’homosexualité de Robert Mapplethorpe: un frein à leur amour?

Dans son livre, Patti Smith aborde sans détour l’attirance de Mapplethorpe pour les hommes. Elle plonge le lecteur au cœur de l’histoire au moment où le secret éclate au grand jour: «Dimanche, pleine lune. Robert était à cran. Brusquement, il a éprouvé le besoin de sortir […] Lorsqu’il est enfin rentré, il a posé la tête sur mon épaule et s’est endormi. Je ne lui ai demandé aucune explication. Il m’a révélé par la suite qu’il avait franchi une barrière. Il avait couché avec un mec, et pas pour l’argent.»

Au final, cela n’altère pas leur complicité ni leur affection ni leur collaboration artistique. Ils avancent dans leur cheminement de vie, ensemble. «Il avait été trop timide, trop respectueux, il avait eu trop peur de parler de ces choses, mais on ne pouvait en douter, il m’aimait toujours, et je l’aimais aussi», déclare l’auteure.

Par la suite, Mapplethorpe va jusqu’à explorer l’univers sadomasochiste. Mais la dure réalité frappe quand le diagnostic du sida tombe pour le photographe, en 1986. «En même temps que j’ai su que je portais mon deuxième enfant», précise Smith.

Le Chelsea Hotel: dans les couloirs d’un lieu mythique

Un autre point essentiel de Just Kids est l’aventure que vont vivre Patti Smith et Robert Mapplethorpe au Chelsea Hotel. En effet, le couple habite, pendant quelques années, dans cet endroit unique et chargé d’histoire situé sur la 23erue. Le lecteur revit alors leur emménagement en 1969, et la rencontre avec le gérant de l’hôtel M. Bard. Puis, la musicienne se remémore – avec beaucoup de nostalgie et un enthousiasme communicatif – les artistes, stylistes, musiciens qu’elle y croise durant son séjour. Par exemple, une photo de Janis Joplin dans le hall d’entrée se glisse entre les pages. S’ensuit sans plus tarder une anecdote au sujet de la chanteuse: Smith se rend au El Quixote (bar-restaurant adjacent à l’hôtel) et rencontre Joplin accompagnée de Grace Slick, des membres de Country Joe and the Fish, de Jefferson Airplane et de Jimi Hendrix.

Petit bonus, les photos contribuent à rendre tangibles et précis tous ces moments. Réparties çà et là dans le livre, elles offrent au lecteur la chance de se perdre dans bien des instants éphémères saisis au Chelsea Hotel. Entre autres, on y retrouve des photographies de Harry Smith, de plaques commémoratives qui décorent le bâtiment, de Patti Smith investissant les balcons seule ou avec Sam Shepard, et même de Mapplethorpe bien installé dans sa chambre 204.

«Just Kids» de Patti Smith, traduit de l’anglais par Héloïse Esquié, Éditions Gallimard, 352 pages, 54,95 $.

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Par Éditions Gallimard

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