CinémaCritiques de films
Crédit photo : SPASM.ca
Seulement huit courts ont été retenus cette année pour représenter le bloc «Spécial Sexe». Un nombre restreint qui n’a pourtant pas échappé à certains égarements. La projection a ainsi débuté en force avec Marie Suce Tue?, une comédie virant habilement au drame, pour ensuite se perdre avec l’inclusion de Be My First, le récit intriguant mais au final anecdotique d’une Japonaise en quête d’un premier amant.
Première incursion dans l’animation de la soirée, l’imaginatif Hermetic Dating Rituals a fait oublier cet intermède soporifique en à peine deux minutes. Il s’agissait du prédécesseur idéal à Bros de Jean-Martin Gagnon et Philémon Crête Vandales. Avec un minimalisme assumé, cette conversation entre deux adolescents s’avère ingénieuse et aborde avec humour le thème de l’homophobie.
Véritable tour de force animé, La nuit je danse avec la mort du Français Guillaume Blanchet met en images le voyage fantasmé d’un jeune homme sur acide. Dans un tout autre registre, le somme toute conventionnel Screw Me and Leave de Paul Lazar se montre néanmoins émouvant grâce à son indéniable sincérité. Si la farce robotique Judy du duo Alex et Ariel a su faire rire, Le clitoris de Lori Maélpart-Tremblay s’est imposé comme le clou du spectacle. Avec un ton candide, cette merveille d’animation raconte l’histoire de l’organe féminin avec érudition et humour. Un court ayant autant sa place à SPASM que dans la classe d’école.
Le second volet du bloc «Les Inclassables» s’est ouvert avec une découverte aussi simple que diaboliquement efficace. Avec Curve, l’Australien Tim Egan suit les déboires d’une femme se réveillant au bord d’un précipice. Le moindre faux pas pouvant lui être fatal, elle tente désespérément d’échapper à sa situation cauchemardesque. Un suspense maîtrisé à glacer le sang. Tout aussi bien réalisée, la production Kino Keep the Customer Satisfied s’avère finalement peu convaincant dans sa forme actuelle. Son sujet, soit un joueur de hockey se préparant à une dernière partie, gagnerait à être développé en long métrage.
Du côté de l’animation, Gokurosama et Poilus font preuve tous les deux preuve d’un véritable savoir-faire, mais ne sont finalement que de simples exercices de style. C’est sans surprise que l’on apprend qu’il s’agit de projets scolaires. Présenté comme une révélation, Undress Me d’Amelia Moses comporte d’excellents effets spéciaux, mais échoue à se distancer de certaines références trop soulignées, tout particulièrement Grave de Julia Decournau.
Passons sous silence le mexicain Lucha, drame longuet usiné pour la course aux Oscars, pour saluer le génial La source du plaisir d’Hughes Provencher. En quelques plans, le réalisateur réussit à instaurer un univers absurde qui côtoie la science-fiction. Avec ses personnages attachants par leur pathétisme, ce tour de force à l’humour pince-sans-rire se situe quelque part entre John Carpenter et Jim Jarmusch. On en redemande!
Chaque année, les programmateurs de «Total Crap» Simon Lacroix et Pascal Pilote démontrent à quel point la télévision est un puits sans fond d’excentricités souvent risibles. Ils ont signé avec ce «Spécial Sexe» l’un de leurs meilleurs montages, alternant entre extraits de parodies pornographiques et clips tirés d’émissions de variétés. Au programme: la visite improbable d’un dépanneur érotique, des scènes tirées de classiques d’ici comme Après-ski et La pomme, la queue et les pépins ainsi que des interventions loufoques lors d’émissions de variétés. Chaque segment a été mis en valeur par un montage dynamique qui évitait efficacement les risques de la redondance.
On retient de ce défilement d’images obscènes que le sexe a inspiré de nombreux esprits désaxés à mettre en scène d’inavouables perversions. Deux choses viennent en esprit lors d’une soirée «Total Crap». D’abord, que plusieurs individus sont prêts à se ridiculiser afin de connaître leur cinq minutes de gloire. Ensuite, que la télévision, au fil des décennies, a été une plateforme de choix pour un contenu vulgaire, juvénile et déstabilisant par son idiotie.
Le spectacle s’est d’ailleurs terminé avec un anti-hommage hilarant à Célibataires et nus, prouvant ainsi que cette ère du risible est loin d’être révolue.