«Mécaniques nocturnes» à l'Agora de la danse: le grand retour d’Anne Plamondon – Bible urbaine

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«Mécaniques nocturnes» à l’Agora de la danse: le grand retour d’Anne Plamondon

«Mécaniques nocturnes» à l’Agora de la danse: le grand retour d’Anne Plamondon

Performance physique et émotive entre résistance et abandon

Publié le 21 septembre 2017 par Léa Villalba

Crédit photo : Michael Slobodian

C’est sur le plancher de l’Agora de la danse, devant une salle bien remplie, que la célèbre interprète des Grands Ballets Canadiens de Montréal, du Nederlands Dans Theater, de RUBBERBANDance Group et bien d’autres grands noms revient en tant que chorégraphe avec sa nouvelle création Mécaniques nocturnes, présentée jusqu'au 23 septembre. Épaulée et magnifiée par la talentueuse dramaturge et metteure en scène Marie Brassard, l’artiste nous fait plonger dans un univers mystérieux à la fois en construction et en déconstruction dans lequel elle vit, pendant une heure, angoisse, peur et maîtrise de soi.

Atmosphère surréaliste et installations multidisciplinaires

C’est dans un silence religieux que l’interprète commence sa pièce, son visage à peine visible, tapie dans l’ombre. La lumière naît puis meurt en un instant, traçant avec elle une ambiance intimiste et calfeutrée. C’est avec une précision corporelle admirable que la chorégraphe interprète se déplace, à pas de loup, pour empiler des sacs au pied d’un décor où barres horizontales et construction inachevée s’enchevêtrent.

C’est alors au fur et à mesure des prouesses physiques de la danseuse que nous découvrons la richesse du décor et de la mise en scène. Les effets de lumière sont très bien étudiés, passant d’une éclipse lumineuse à une concentration de flammes rouges, par exemple. Les nuances et les couleurs varient souvent et permettent vraiment d’encadrer le décor et l’artiste, et nous font littéralement plonger dans un autre monde.

De grands tuyaux parallèles, une plateforme surélevée, des barres horizontales et du vide: c’est un vrai décor géométrique qui a été construit pour l’occasion et qui laisse juste assez d’espace de jeu pour la créatrice, mais aussi pour des projections vidéo ou encore de grands vides pour danser librement.

Entre contrainte et espace d’exploration, le décor et la mise en scène forment et déforment la gestuelle de l’interprète et la pousse à explorer toutes les articulations de son corps.

Maîtrise corporelle et présence scénique fascinantes

C’est dans une lenteur animale que la première partie de la création s’exprime. Telle une proie ou en animal guetteur, Anne Plamondon explore son nouvel environnement, passant du sol au ciel en déconstruisant chaque articulation dans une lenteur stupéfiante.

Dans une simplicité gestuelle fort bien orchestrée, l’artiste nous envoûte et nous impressionne. Après la lenteur comme résonance, elle nous montre une performance physique hors du commun où le décor n’est plus un obstacle, mais un réel ego à son propre corps. Entre formes originales et duo humano-mécanique, on observe aussi bien le travail performatif que l’entraînement physique de la créatrice.

Il est aussi question de pouvoir admirer la danseuse, sans décor, sans artifices de lumière, et ce, à plusieurs reprises. Grande danseuse grâce à une technique visible et admirable, il est aussi question de la maîtrise incroyable dont fait preuve Anne Plamondon. Entre grands battements et grands écarts, la danseuse fait aussi preuve de déconstruction du mouvement et de subtilités corporelles uniques et étourdissantes.

C’est entre résistance et abandon que l’artiste se dévoile, dominante mais fragile, dans un monde unique où l’envie de construire et de déconstruire se mêlent dans une intimité et une sensibilité juste. 

Bravo à cette artiste accomplie qui ne cesse de s’accomplir et de surprendre par son talent!

L'événement en photos

Par Michael Slobodian

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