ThéâtreDans la peau de
Crédit photo : Dominique Lafond (photo à la une)
1. D’aussi loin que tu te rappelles, d’où te vient cette passion pour l’écriture, notamment pour le théâtre?
«Dès que j’ai su écrire, j’ai voulu écrire. Jeune, j’avais la prétention d’écrire des livres pour enfants, des romans que je ne finissais jamais, évidemment. Et j’avais beaucoup d’opinions. Adolescente, je lâchais jamais le morceau, j’argumentais à n’en plus finir. Écrire, ça me permettait d’aller au bout de quelque chose (et de me donner raison). Le théâtre est arrivé un peu par hasard, parce que j’avais participé au concours d’écriture du Théâtre La Catapulte à Ottawa, puis parce que l’École Nationale de Théâtre du Canada offrait une formation en écriture où on écrivait beaucoup plus qu’à l’université… Et que j’y ai été prise! Ça a été déterminant, bien sûr, une révélation.»
2. Après Princesses, Opium_37 et Voiture américaine, tu dévoilais Baby-sitter, une pièce dans une mise en scène de Philippe Lambert qui a brillé sur les planches du Théâtre La Licorne. D’ailleurs, elle sera présentée au Théâtre du Vieux-Terrebonne le 30 septembre prochain. Quel a été l’élément déclencheur pour l’écriture de cette pièce?
«D’abord, il y a eu l’anecdote du gars d’Hydro-One en Ontario qui a perdu sa job, après avoir fait une blague vulgaire en direct à une journaliste sportive à la télé. Puis la réaction de certains hommes, dans les médias, qui condamnaient les blagues de viol, en nous rappelant que les femmes, malheureusement, on vivait toutes, et c’est normal, avec la peur de se faire agresser. Je me suis mise à réfléchir à comment on rappelle aux femmes qu’elles sont vulnérables en présupposant qu’elles ont peur. Et ça m’a énervé, j’ai eu envie d’écrire une pièce avec des personnages de femmes qui ne sont pas vulnérables et mettre en scène le paternalisme de certains défenseurs de la veuve et de l’orphelin.»
3. Peux-tu nous dire, en quelques mots pour chacun, les forces caractéristiques du metteur en scène Philippe Lambert, ainsi que des acteurs Isabelle Brouillette, Steve Laplante, David Boutin et Victoria Diamond?
«Philippe Lambert arrive à faire émerger la comédie et la folie, tout en restant dans la vérité des personnages. C’est de la magie.»
«David Boutin, même en allant sans compromis dans le côté odieux du personnage de Cédric, ne perd jamais (jamais!) la sympathie du public. Et ça donne un impact encore plus fort à la pièce. On veut tout lui pardonner.»
«Isabelle Brouillette est tellement précise et nuancée, elle arrive à communiquer des émotions hypercomplexes en quelques secondes. À chaque fois que je retourne voir la pièce, elle me surprend sur des nouvelles choses, elle me fait rire à différents endroits. C’est un trésor national.»
«Victoria Diamond avait le défi de faire exister un personnage insaisissable. Une genre de Mary Poppins irrésistible, mais qui ne joue jamais la séduction. Sur papier, je devais souvent expliquer ce personnage. Mais la minute que Victoria l’a incarné, il est devenu limpide et incontournable. Le jeu de Victoria est pur.»
«Steve Laplante a un sens du comique hallucinant. En écrivant le personnage de Jean-Michel, je savais que c’était Steve qui allait le jouer et c’était tout un guide. Je voulais être à la hauteur de son intensité et de sa subtilité, de sa façon unique de dire une ligne comme s’il faisait juste la balancer, et d’aussitôt faire éclater la salle de rire.»
4. Imagine que tu entres dans un ascenseur avec un mini groupe de cinq personnes et que tu doives les convaincre, en l’espace de 30 secondes, de venir voir Baby-sitter. Quel serait ton elevator pitch pour qu’ils accourent voir le show?
«Baby-sitter, c’est une comédie qui parle de féminisme et du couple, mais avec des points de vue nouveaux, c’est drôle, c’est étonnant, tu vois pas le temps passer. Le spectacle a du rythme, les acteurs sont hallucinants. Tu sors de là, t’es survolté, t’as envie de jaser et de prendre un verre. T’es content.»
5. Est-ce que tu travailles actuellement sur d’autres projets, autant au théâtre qu’à la télévision, par exemple, et dont tu peux nous parler sans que ce soit un secret d’État?
«Plein de projets, beaucoup de secret d’État! Mais… il y a Filles en liberté une pièce mise en scène par Patrice Dubois et produit par le PAP au Théâtre La Licorne en novembre 2017, qui parle de nationalisme et de pornographie équitable. J’ai aussi écrit un long-métrage Salope dans le bon sens du terme, réalisé par Sophie Lorain qui sortira à l’hiver 2018. C’est une comédie pour ados qui s’attaque au double standard qui veut que les gars peuvent coucher avec autant de filles qu’ils veulent, tandis que les filles, elles, sont toujours à risque de se faire une mauvaise réputation. Et je prépare une adaptation théâtrale du film Deux femmes en or. Après ça, je pense bien avoir tout dit ce que j’avais à dire sur la sexualité de la femme et sa représentation dans la fiction… mais ça reste à voir.»
Pour acheter vos billets pour la représentation du 30 septembre à 20h au Théâtre du Vieux-Terrebonne, cliquez ici. Pour consulter nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…
*Cet article est une présentation du Théâtre du Vieux-Terrebonne.
L'événement en photos
Par Véronique Boncompagni et Magali Cancel