«Dans la peau de...» Alexandre Craigh du groupe Cherry Chérie – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Alexandre Craigh du groupe Cherry Chérie

«Dans la peau de…» Alexandre Craigh du groupe Cherry Chérie

Pour l'amour du rock 'n roll!

Publié le 1 septembre 2017 par Michelle Paquet

Crédit photo : Leda St-Jacques

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé Alexandre Craigh du groupe Cherry Chérie à quelques semaines du lancement de leur prochain album, «Adieu Veracruz».

1. Le premier extrait du prochain album de Cherry Chérie, «Le braconnier» est disponible depuis quelque temps. En quoi ce nouvel opus diffère-t-il de J’entends la bête (2015)?

«J’entends la bête a été écrit pendant une année de pulsions, ça parle beaucoup de ça. De vouloir quitter nos jobs respectives, de vouloir se jeter dans la musique tête première, alors que le prochain album parle des répercussions de ces envies-là.»

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2. Donc, J’entends la bête c’était un peu le party et là c’est le lendemain de veille?

«Bien vu! C’est un peu comme le party où t’as embrassé une autre fille et là t’es dans le trouble le lendemain. Avant, on disait qu’on était rétro-trash-bonbon, mais là c’est plus comme rétro-trash-bonbon-acidulé-qui-goûte-la-sambuca.»

«On s’est dit: OK, il n’y a plus d’argent à faire en musique, tout le monde capote, donc nous on va faire exactement le contraire de ce que tout le monde fait. Tout le monde downgrade et fait des productions maison, ce qui est cool aussi, mais nous on s’est dit qu’on allait faire un album-concept avec une grosse production. On y est allé all in

«Le nom de l’album, c’est Adieu Veracruz, et je trouve que ça représente bien ce rêve-là de suivre ses envies. Veracruz, c’est une ancienne station balnéaire au Mexique qui était hyper prisée des touristes et qui est devenue un genre de paradis défraîchi super dangereux.»

«Tu t’en vas à Veracruz, ça sonne hot, ça sonne exotique et tout. Un coup rendu là, tu te rends compte que, finalement, il y a aussi beaucoup de tempêtes et beaucoup de violence là-bas. Ça représente cette espèce de désillusionnement là. Ce feeling de quand t’as quitté ta blonde et que t’es parti avec ta maîtresse, mais là tu te demandes si t’as fait le bon choix. Est-ce que l’élan de passion aura valu le coup?»

3. La musique n’a pas toujours été ton seul métier. Peux-tu nous parler un peu de ton ancienne vie et de ton cheminement depuis?

«J’ai été travailleur social pendant plusieurs années. J’ai fait de la zoothérapie et j’ai aussi travaillé en centre de réadaptation pour les déficiences physiques, puis au Carrefour Jeunesse Emploi de Longueuil. C’est un emploi que j’aimais beaucoup, avec des collègues que j’aimais profondément aussi. Je vais même encore aux party de bureau (rires)».

«Quand c’est devenu difficile de concilier musique-travail, Gab (basse) et moi on a eu la chance de travailler moins et de faire changer nos horaires pour que tout fitte. Le problème, c’est que, comme ça, on travaillait 7 jours sur 7. Avec des jams de jour, le travail, les shows le soir, la fête… Un moment donné, ton corps te dit fuck that shit

«On a eu une tournée en Saskatchewan qui devait durer plus d’une semaine et c’est à ce moment-là qu’on a décidé de lâcher nos jobs. Rendu là-bas, on a eu des nouvelles assez trash au niveau personnel et ça nous a fait nous poser des questions: à l’âge que j’ai, qu’est-ce que je fais à lâcher ma job? Est-ce que je fais tout ça pour rien? Est-ce que je cours après une illusion?»

4. Il y a déjà quatre ans paraissait le EP homonyme de Cherry Chérie. À la base, comment le groupe s’est-il formé?

«Moi et Paolo (guitare, voix), on s’est rencontrés à l’UQAM dans un cours d’italien. Je me suis assis à côté de lui et on a parlé de Bob Dylan et de James Taylor et de musiques des années 1960. Avec le temps, on s’est dit que ça serait cool de partir un groupe pour reprendre ces grands classiques-là.»

«Étienne (batterie) et Gab étaient des amis du secondaire avec Paolo. Un soir, on faisait un show au Salon Officiel, mais il n’y avait aucun équipement sur place. On était un peu mal pris, alors Paolo a appelé l’un de ses amis qui n’habitait pas trop loin pour qu’il nous prête un ampli de basse. C’était Gab. Ce soir-là, il a fait notre son, et c’est lui qui, plus tard, nous a fait rencontrer Étienne.»

«De fil en aiguille, on faisait de plus en plus de shows et les gens venaient, tripaient et dansaient le rock ’n’ roll. Éventuellement, Paolo, qui avait un autre band, est arrivé avec une chanson qu’il avait écrite et qui ne fittait pas trop avec l’autre groupe. On l’a essayée et, petit à petit, on s’est ramassés avec cinq tounes originales qui sont parues sur notre premier EP

«Ensuite, Paolo et Étienne ont lâché leurs jobs et, moi et Gab, on a diminué nos heures. On a tous commencé à écrire sur nos envies de tout sacrer là pour partir en tournée. Ce qui s’est produit! On a lancé J’entends la bête, on a fait les Francouvertes et le Festival international de la chanson de Granby, puis on a rencontré Lynda Lemay qui nous a payés des shots (rires)».

5. En tant que frontman de plusieurs groupes (Cherry Chérie, The Golden Tribe, Les Requins), peux-tu nous raconter un peu à quoi a ressemblé ton été?

«Un été occupé! Heureusement, parce que, mettons que si tu lâches ta job pour finalement finir par ne pas être occupé, ça peut être un peu déprimant!»

«Cet été, on a eu des pourparlers avec le label de rêve qu’on voulait. Ce n’est pas encore fait, alors on ne peut pas trop en parler, mais c’est vraiment celui qu’on visait. J’aime la pop bien faite et c’est le seul label, selon moi, qui comprend que c’est pas parce qu’un projet te donne envie de te shaker le derrière que c’est moins artistique.»

«On voulait un peu s’éclipser avec Cherry Chérie avant le lancement de l’album pour ne pas se brûler dans les festivals. On a fait quelques dates quand même, dont le Festival international de la chanson de Granby, mais on voulait se laisser désirer un peu. Par contre, vu qu’on vit de la musique, il a fallu penser à un autre plan pour l’été et ça a été de créer le band Les Requins avec lequel on est partis en tournée. (NDLR: Les Requins sont un groupe qui reprend les grands succès québécois des années 1960)»

«Pour The Golden Tribe, c’est de la musique un peu plus “étrange”, moins grand public I guess. Je le vois un peu comme une thérapie. Tout ce que j’ai envie de faire, je peux le faire là. The Golden Tribe, c’est un peu comme ma maîtresse, si j’ai envie de faire du BDSM, c’est avec eux que je vais le faire (rires). Avec tout ça je suis comblé!»

Pour consulter nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…

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