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Crédit photo : Mathieu Pothier
50 000 pas plus tard… on se souvient
Nous voici les jambes en compote, quelques courbatures ici et là, mais avec cette satisfaction imprimée sur le visage, celle d’avoir profité d’un moment privilégié, d’avoir vécu une expérience hors de l’ordinaire, jusqu’à sa-tié-té.
Car malgré les désagréments causés par la (trop) grande étendue du site, ce qui a causé de nombreuses brisures de parcours, les spectateurs parfois irrespectueux, qui nous ont échappé de la bière sur les pieds, qui nous ont marché sur les orteils, ou qui nous ont tout simplement accroché le corps sans s’excuser (merci, hein!), on garde de beaux souvenirs en tête, notamment les prestations de Petit Biscuit, Sofi Tukker, Cage the Elephant et Lorde, qui en ont mis plein la vue à leurs fans. Voilà, ces souvenirs sont maintenant gravés pour longtemps dans notre esprit!
Bien commencer la journée avec Bishop Briggs et Phantogram
Le parterre entre les scènes de la Rivière et de la Montagne fourmillait de nombreux spectateurs au tout début de l’après-midi, alors que la chanteuse américaine d’origine britannique Bishop Briggs, de son vrai nom Sarah Grace McLaughlin, s’apprêtait à déverser son énergie de rockeuse au cœur d’une musique mariant habilement le hip-hop, le R&B et l’électro.
Vêtue de sa veste Adidas et coiffée de deux toques tressées sur la tête, Briggs semblait de fort bonne humeur, n’hésitant pas à motiver la foule à faire plus de bruit, entre les «The Way I Do», «Be Your Love», «Mercy» et son succès de la première heure, «River». Autant lors de ses ballades que lorsqu’elle se prend à slammer, la chanteuse de 25 ans défend comme une reine ses titres sur scène.
On n’avait qu’à faire ensuite un 180 degrés sur soi pour se diriger vers la scène de la Montagne afin d’assister à la prestation des New-Yorkais de Phantogram, qui nous attendaient en formule quatuor. Avec des projections contrastées qui avaient des allures d’un filtre sketch, la formation rock électro a su mettre le public dans sa poche, surtout avec des titres comme «You Don’t Get Me High Anymore», «Don’t Move», «Fall In Love» et «Mouthful of Diamonds», la toute première chanson qu’ils ont écrite. Une belle valeur sûre à voir et à revoir.
Deux univers, deux sommets de l’électro: SOHN et Crystal Castles
C’est avec le morceau «Falling» que le musicien et producteur britannique de musique électronique SOHN a démarré son set, lui qui ne se présente jamais sans son éternel chapeau en feutre noir. Sagement assis à l’avant de la scène, Christopher Taylor, aujourd’hui installé à Vienne, en Autriche, aime être prêt de son public, qu’il incite à demeurer au pic de son énergie et de son enthousiasme à l’aide de quelques mouvements de bras.
Avec son timbre de voix un brin mélancolique, SOHN transporte l’auditeur à la manière d’un James Blake, mais avec un univers bien à lui, texturé, envoûtant, exaltant. Le titre «Hard Liquor» fut d’ailleurs bien accueilli, tout comme «Signal», «Lights» ou encore «Artifice», la chanson la plus pop de son répertoire. Si on pouvait lui reprocher d’être trop statique, lui qui est assis tout au long de son set, on lui pardonne bien vite sa position confortable vu la brillance de son univers.
Fort et revigoré d’une belle énergie, on s’est ensuite dirigé plus à l’avant sur le site, direction la scène de l’Île, pour assister au concert de Crystal Castles, qui allaient nous offrir une prestation d’une heure et qui n’allait certainement pas faire l’unanimité. En effet, et tout au long du spectacle, plusieurs spectateurs quittaient le parterre, probablement dépassés par cet univers singulier.
Edith Frances, avec ses cheveux verts, et l’arrangeur Ethan Kath, dans la pénombre, ont livré un concert qui rentrait au poste, où les bruyantes textures couplées à la batterie étaient de loin plus intéressantes à écouter que la voix par moments grinçante de la chanteuse. Et c’est possiblement ce qui a fait fuir les curieux: cette électro-ci, on s’entend, est une coche plus décapante que la majorité des producteurs ayant défilé sur cette même scène tout au long du week-end. Et la voix hyper modifiée de Frances, qui n’accote pas celle d’Alice Glass soit dit en passant, est loin d’être aussi angélique que la majorité des pièces house, EDM ou trance.
Zéro interaction avec le public et une heure plus tard, on a le souvenir d’avoir dansé sur «Char», «Baptism», l’inoubliable «Untrust Us», qu’ils jouent rarement en spectacle, «Femen» et bien plus encore. À la fin du spectacle, un amas de bruits hyper distorsionné a retenti dans nos tympans, et le temps que la tornade de décibels s’évanouisse dans l’air, les membres de la formation avaient déjà quitté la scène sans aucun au revoir. Surtout, ne le prenez pas personnel!
Et l’immense déception du jour revient à…
Little Dragon, possiblement le groupe de pop-électro le moins original vu durant les trois jours d’Osheaga!
Le groupe suédois, originaire de Göteborg, fait parfois penser à nos protégés Le Couleur, notamment parce que leur chanteuse Yukimi Nagano ressemble (juste un peu, on l’avoue, mais surtout en raison de ses origines asiatiques) à Laurence Giroux-Do, mais aussi par ses cassures de rythmes qui changent du tout au tout la direction d’un morceau.
Avec ses textures par moments sur-amplifiées et son manque d’agencement et de fluidité musicales, on a décidé, peu convaincu, de prendre nos jambes à notre cou à la mi-concert, car on a eu la brillante idée soudaine d’aller voir ailleurs si on y était!
Les hightlights qui font sourire, chapitre 5
- Un Jack avec une moustache immensément fournie qui portait un grand t-shirt blanc… avec sa face imprimée en gros plans. Problème d’ego, bonhomme?
- Alors qu’on attendait un lift vers la zone VIP, on nous a refusé la randonnée dans un golf kart où il y avait deux banquettes vides, sous prétexte que nous n’avions pas payé la passe Platine comme le Monsieur assis à l’avant. Sympa, on y travaille, nous, madame.
- Deux festivaliers marcher côte à côté en jasant de façon volubile sans trop regarder où ils marchent et les voir tous deux rentrer dans deux autres personnes dans la direction inverse. On l’aurait imaginer que ça n’aurait pas été aussi parfait!
Et la bonne nouvelle du jour? C’est officiel, la 13e édition d’Osheaga se tiendra les 3, 4 et 5 août 2018 de nouveau sur l’Île Notre-Dame. Alors, munissez-vous de bons souliers, car c’est reparti pour un autre 50 000 pas dans un marathon de trois jours! Tournez la page pour lire les aventures de Michelle, qui est allée voir Foxygen, Jacob Banks, Local Natives et plus!