Du soleil plein les lunettes à Osheaga 2017 sur l’Île Notre-Dame, jour 2

Déjà dans le métro on sentait qu’il y aurait plus d’achalandage ce jour-là. On était collés collés dès midi dans les wagons. C’était l’occasion idéale de pratiquer sa respiration pour la plongée en apnée. En sortant, la ligne était beaucoup plus compacte que la veille pour faire vérifier son sac et on s’est mis à remercier mentalement la dame qui nous a offert une boisson énergisante gratuite à Berri-UQAM; on allait en avoir besoin!

Le délai pour entrer nous a fait arriver légèrement en retard pour la performance du duo de rap-R&B montréalais Heartstreets. Emma et Gab brillaient sur la scène Verte. Le plaisir d’être là était apparent et il y avait de nombreux fans dans la foule qui chantaient avec elle. Les gens autour rappaient sur «Blame it on Me» (You and I, 2016), dansaient sur «How I Got Over» et suivaient le flow avec attention pendant les moments intenses de «Crawling South»: «Lick the last drops; I slur my speech. Life’s got me too weak to speak. Self-pity when the bottle’s empty.». Ce sera sûrement l’un de nos highlights du festival. On vous l’a déjà dit, mais ces filles sont à surveiller cette année.

Retour en enfance entre deux annulations

Après Heartstreets, on avait une petite pause qui nous a laissé le temps d’explorer des coins du site qu’on n’avait pas encore pris la peine de visiter. La zone Osheaga Play nous a tout de suite attirés avec ses manèges et ses couleurs vives. On ne saurait résister à des installations signées Beauce Carnaval! À l’intérieur, des stands sont placés un peu partout pour permettre aux festivaliers d’accumuler des points en accomplissant certaines actions: jouer à deux jeux, prendre une photo et la partager sur les réseaux sociaux, etc. Les points accumulés permettent de gagner des prix. C’est un genre de fête foraine 2.0. De notre côté, on s’est laissé tenter par un manège classique des foires de parkings de centre d’achat: le Yoyo (l’espèce de carrousel avec des chaises qui volent).

Les jambes un peu chancelantes mais le sourire aux lèvres, on a quitté la zone Osheaga Play pour recevoir (encore une fois) l’annonce d’une vague d’annulations et de changements à l’horaire. Si ça ne faisait pas l’affaire de tous, de notre côté on s’en est tiré sans trop de dommages; ça n’affectait pas vraiment notre itinéraire de la journée. Entre ces changements de dernières minutes et la rumeur qui veut que Solange ait annulé sa présence parce qu’elle n’était pas assez bien placée dans la programmation à son goût, il y a matière à se poser des questions…

Des Anglais et un rappeur

Ce sont ensuite les Anglais du groupe de rock psychédélique Temples qui ont pris d’assaut la scène de la Vallée. Leur look 1970’s avec la petite coupe carrée, les lunettes teintes en jaune et le blouson de cuir du chanteur nous laissent penser qu’ils ne doivent pas souvent jouer de jour… Un spot en après-midi ce n’est pas toujours l’idéal, on aurait plutôt vu ce groupe dans une salle comme La Sala Rossa ou le Bar Le Ritz PDB. On est parti peu de temps après «Keep in the Dark», tirée de leur avant-dernier album Sun Structures (2014), car même si la prestation n’était pas mauvaise, elle n’a tout simplement pas levée, et le son laissait vraiment à désirer. Ce qui fait qu’on a aussi réussi à attraper un petit bout du set de Liam Gallagher (qui devait mourir de chaud dans son gros imperméable). On s’est dirigé vers la prochaine scène pendant «Wonderwall» en se sentant un peu comme au karaoké vers les 1h du matin vu la foule qui chantait avec lui…

Sur la scène Verte, c’est le rappeur Danny Brown qui tenait en haleine une foule assez dense. Après sa performance au Festival d’été de Québec, on l’attendait de pied ferme pour Osheaga, et il était en forme! Le public vivait le moment avec lui, hurlait, sautait, se déchaînait, et quand est arrivée sa «25 Bucks» (Old, 2013), on s’est laissé complètement emporter par le MC. Sur scène il était énergique, pas du tout blasé comme certains autres rappeurs en spectacle, son delivery était exceptionnel et il débordait de charisme. Encore une fois, le cœur gros, on a dû quitter avant la fin question d’aller se nourrir avant d’attaquer la soirée.

De grands talents sur de petites scènes

Entre le super-groupe Broken Social Scene et le talent local de KROY, notre cœur balançait, alors on s’est permis un petit compromis. Une seule pièce des premiers, la première, «Cause = Time» pour pouvoir dire qu’on y était, et on est reparti à l’autre bout du site voir la seconde. Sur place, on nous dit que la batterie ne fonctionne pas depuis quelques morceaux, alors Camille nous a fait une petite pièce acoustique, «Stay» (Scavenger, 2016). Sa voix délicate a été mise en valeur tout au long de la performance, et les morceaux «Monstrosity» et «River» étaient tout particulièrement puissants. Radieuse, elle a terminé le tout devant une foule assez impressionnante pour la scène des Arbres avec la superbe «Go».

L’humeur joyeuse après KROY, on s’est dirigé vers la scène de la Vallée voir le grand, dans tous les sens du terme, Father John Misty. Son charisme et sa présence sur scène avaient complètement ensorcelé le public qui, pour une fois, était calme et respectueux. Des morceaux de Pure Comedy (2017) comme «Ballad of the Dying Man» et «Things That Would Have Been Helpful to Know Before the Revolution» se sont mélangés avec d’anciens succès comme «Nancy From Now On», «Real Love Baby» pour former une set list efficace qui mettait en valeur la voix de l’artiste. Quand il s’est mis à chanter «Darling, I love you as you are when you’re alone. I’ll never try to change you.» se sont des milliers de personnes qui se sont soudainement faites «sérénader» comme une seule. Cette performance restera aussi gravée dans nos mémoires comme un grand moment de musique.

Les highlights de la journée pour sourire, chapitre 3

• Father John Misty qui saigne d’un doigt et s’en fout partout dans le visage sans trop s’en rendre compte.
• Le sourire des filles de Heartstreets à la fin de leur performance.
• Le soleil qui s’est finalement pointé.
• Le visage vert d’un festivalier qui s’est essayé aux manèges après quelques bières de trop.

Vous en voulez plus? Voici les photographies de concerts et d’ambiance de notre photographe Mathieu Pothier ainsi que le récit des aventures parallèles de notre collègue Éric Dumais, qui elle est allée voir, pour sa part, CRi, Petit Biscuit, Liam Gallagher, Sofi Tukker et plus. Tournez la page!