Du soleil plein les lunettes à Osheaga 2017 sur l’Île Notre-Dame, jour 2

C’est un tout autre scénario qui nous attendait, en ce deuxième jour d’Osheaga, alors qu’hier on a vécu tout un lot d’aventures (et d’émotions aussi, avouons-le) sous les orages intermittents. En ce samedi, la température était idéale pour le programme qui nous attendait, majoritairement sur l’idyllique scène de l’Île, avec CRi, River Tiber, Sofi Tukker, Petit Biscuit et Rone. Par curiosité, plus que par un réel intérêt, on a fait un léger détour pour voir Liam Gallagher au cas où il aurait eu envie de vivre un nouvel esclandre, cette fois à Montréal.

Le parfait petit début d’après-midi avec CRi et Ouri

Vendredi, les festivaliers se cachaient de la pluie sous les arbres, sous les ponts ou encore sous les auvents des nombreuses tentes des commanditaires qui longent les artères du site d’Osheaga. Samedi, et c’est encore plus drôle, les gens étaient éparpillés aux quatre coins de la scène de l’Île, non pas parce qu’il pleuvait, mais parce que le soleil plombait tellement que nos petites marmottes cherchaient l’ombre.

C’est donc à 13h55 que le producteur montréalais CRi a fait son entrée sur scène, aux côtés de sa «queen» Ouri qui l’accompagne live depuis un moment déjà. D’emblée, une sphère multicolore, celle que l’on reconnaît de la pochette de son EP de remixes I Love You, s’offrait à notre vue, un visuel dynamique qui gâtait le regard durant son set. Il n’y avait pas foule, mais graduellement le parterre, installé sur l’eau, s’est rempli de curieux venus pour danser.

Celui qui cherche à exprimer ses pensées introspectives à travers la musique a offert au final un set de 45 minutes qui a démontré tout le spectre de son talent. Fort d’une récente collaboration avec Bernhari sur «Toujours Toujours», CRi collabore également avec l’auteur-compositeur Jesse Mac Cormack, qu’il avait la chance d’avoir à ses côtés hier. Le Montréalais a chanté, accompagné de sa guitare électrique qu’il effleurait à peine, quelques chansons jusqu’à la fin du concert. Une parfaite mise en bouche pour une nouvelle journée dont on voyait le bout du nez.

Un party au-dessus de l’eau

Comme la programmation était top géniale sur la scène de l’Île en ce samedi (et que les distances entre les scènes sont énormes), le meilleur plan du jour fut d’établir ses quartiers dans les parages, histoire de ne rien manquer.

On a d’abord fait la connaissance de River Tiber, le projet de l’auteur-compositeur torontois Tommy Paxton-Beelsey, un réel amateur de Jimi Hendrix. Ça se ressent, et ça s’entend: la force du trio fut définitivement les longs solos de guitares, qui accompagnaient bien son chant un brin R&B et ses rythmes souvent chauds, voire sensuels.

Il manquait juste, par moments, la groove nécessaire pour bien capter l’intérêt des spectateurs. On retient, de leur prestation, le morceau «I’m a Stone» et ces airs qui faisaient parfois penser à Michael Kiwanuka, avec en prime un lot de textures électroniques bien agencées.

Quelle, mais quelle surprise!

Définitivement le clou de la journée, le tandem new-yorkais Sofi Tukker, qui en a offert plein la vue à une foule qui ne cessait de grossir au fil des heures. «Hi Osheaga. This is Sofi, I’m Tukker, let’s have a good time», a lancé Tucker Halpern, avec un regard complice à sa compagne Sophie Hamley-Weld, avant de lancer les festivités. Quelle énergie, quelle chaleur, quelle synergie!

Les deux artistes ont ce don d’entraînement naturel et, force est de l’admettre, le charisme coule littéralement dans leurs veines. Sans trop de mal, ils ont mis la foule dans leur poche, l’emmenant avec eux au cœur d’un party où tout un chacun dansait avec énergie, notamment sur leurs titres forts tels que «F*ck They» ou «Baby I Am a Queen».

On retient aussi de cette prestation capotée l’excellente «Awoo», durant laquelle ils ont fait monter sur scène la chanteuse montréalaise Betta Lemme, et une finale pas piquée des vers avec «Drinkee». Ces deux-là, on peut dire qu’ils ont mis la barre haute… pis pas à peu près!

Une foule monstre pour le jeunot de la programmation

Même si le producteur français Rone a su dynamiser à sa façon (lire dans sa bulle) le parterre de la scène de l’Île, malgré un total crash de ses maquettes durant une track, l’autre bon coup d’Osheaga, cette année, c’était clairement la présence de Petit Biscuit, qui avait déjà rempli ses promesses lors d’un Théâtre Fairmount à guichet fermé en avril dernier. Et le jeune producteur français n’a pas déçu, hier, en démontrant son savoir-faire en l’espace d’une heure pile-poil.

Tout juste avant de lancer un «Montréal, tu m’entends? Merci d’être là!», Mehdi Benjelloun, natif de Rouen, en Haute-Normandie, se tenait devant ses instruments alors qu’une demi-lune, en arrière-plan, se remplissait pour devenir une pleine lune. Et qu’est-ce qui fait sa force à Petit Biscuit? Définitivement son talent à manier les échantillonnages pour offrir une musique électronique solaire, vitale, énergisante.

Entre deux chansons, il nous a confié être en préparation de son premier album complet, ce qui ne l’a pas empêché de «casser» de nouvelles tracks, en plus d’avoir joué dans son intégralité son EP homonyme. Ainsi, ont défilé les «Once Again», «Jungle», «Full Moon» et «Iceland», de même que son succès «Sunset Lover», qu’il a présentée comme suit: «Voici une track plus chill, plus smooth, j’espère qu’elle vous plaira». C’est ton hit, bien sûr qu’elle plaira! On l’a «kiffée», tiens.

Un long détour pour vivre 5 minutes aux côtés de Liam Gallagher

Il fallait le vouloir, on l’a voulu, et on l’a fait: on a marché durant 15 longues minutes pour se rendre à l’avant du site de la scène de la Rivière, alors que l’une des moitiés d’Oasis effectuait un retour fort attendu sur scène. Et ce qui piquait notre curiosité, c’était surtout le personnage en lui-même, qui a récemment écourté son spectacle après vingt minutes de concert lors du Lollapalooza de Chicago, quittant la scène en plein milieu de la chanson «Greedy Soul».

Or, le Britannique n’a pas fait un fou de lui-même, offrant un concert complet où il a rassasié une foule monstre qui chantait les paroles avec lui. Et il a même été plus que généreux, offrant le succès «Wonderwall» en fin de spectacle, chanson qu’il ne joue pas systématiquement de soir en soir. Autrement, les fans ont chanté haut et fort durant «Morning Glory», «Bold», «D’You What I Mean» et bien d’autres encore.

Les highlights de la journée pour sourire, chapitre 4

• Un moustachu, sosie de Tom Selleck, qui était habillé en tenue moulante de cycliste avec, sur la tête, un parasol rayé aux couleurs de l’arc-en-ciel. De toute beauté!
• Tommy, le chanteur de River Tiber, a annoncé avec le plus grand sérieux du monde que Montréal est sa ville préférée. Ah oui? Toi aussi?
• Et comme si ce n’était pas assez, Tommy qui enchaîne en demandant au public combien de gens venaient de Montréal… On aurait pu entendre une mouche voler, on vous le jure.
• La longue parka noire boutonnée jusqu’au cou de Liam Gallagher alors qu’il faisait 30 degrés Celsius à l’extérieur. On ne la comprend toujours pas encore celle-là.