SortiesFestivals
Crédit photo : Mathieu Pothier
En première partie, on découvrait le groupe IFÉ, ensemble portoricain qui mélange l’anglais et l’espagnol sur des beats africains agrémentés d’électro. Les percussions étaient à l’honneur, ici, et le groupe utilise des instruments traditionnels africains, des tambours de toutes sortes, mais aussi une batterie électronique et des séquenceurs. Cette fusion a donné un résultat assez intéressant pour qui est amateur de percussions en tous genres, et la synchro des musiciens était remarquable.
Le spectacle a permis de s’en mettre plein les oreilles, un peu au détriment de la vue toutefois: tous les membres sont restés bien assis derrière leurs instruments recouverts pour l’occasion d’un tissu blanc à l’effigie du groupe. Ça n’a pas empêché les spectateurs attentifs de les applaudir chaudement. Et les musiciens ont été à leur tour généreux en restant après la prestation pour discuter avec les gens du public. Ils seront d’ailleurs en performance gratuite les 5 et 6 juillet à 22h sur la scène Hyundai/CBC/Radio-Canada.
Puis, le duo américain Thievery Corporation a fait son entrée, acclamé par leurs fans venus en masse. Comme son nom l’indique très bien, le groupe, duo à la base, s’entoure à chaque album de plusieurs musiciens, formant ainsi leur «petite corporation». Alors, samedi soir, on a pu voir jusqu’à cinq chanteurs différents se présenter à tour de rôle sur scène pour offrir une prestation dans leur style respectif.
Les chanteurs étaient très engageants et n’ont pas hésité à faire participer les spectateurs, heureux de se dandiner, agiter leurs bras dans les airs et de taper des mains. Malheureusement, un problème tout au long de la soirée a été le son envahissant de la guitare basse, beaucoup trop forte par rapport au reste et masquant parfois les voix.
Thievery Corporation emprunte à plusieurs styles musicaux, chaque album se concentrant sur un genre en particulier. Le dernier, The Temple of I & I, sorti en 2017, évoque la musique jamaïcaine alors que le précédent explorait les rythmes brésiliens. C’est pourquoi la soirée s’est déroulée d’une drôle de façon, car même si la majorité des pièces jouées étaient issues du plus récent album puisant dans le reggae, le hip-hop et parfois le «ragamuffin», on alternait avec des morceaux plus anciens, rappelant tantôt la bossa nova, tantôt le trip hop. Mais ça n’a pas eu l’air de déranger la foule présente qui s’est spontanément levée à la troisième chanson, transformant la sérieuse Place des Arts en piste de danse improvisée. Sauf que, à certains moments, c’était moins dansant, et la moitié de la salle se rassoyait pour se relever quelques minutes plus tard.
À vouloir explorer tous les genres, on peut finir par se perdre, mais ce n’est pas le cas des musiciens agiles et expérimentés liés à Thievery Corporation; ça semble fonctionner pour eux. La seule chose, c’est que pour tous les styles exécutés (même si bien exécutés), c’est beaucoup convenu. Aucune surprise, ici, toutes les pièces auraient pu être composées il y a vingt, trente ou quarante ans. Le manque d’originalité, voire de pertinence en 2017, a pu donner l’effet d’être dans une croisière à regarder d’excellents musiciens, présents pour faire danser les vacanciers au son de musiques variées. Peut-être que le public, composé principalement de personnes plus ou moins âgées qui ne semblaient pas sortir souvent (ni danser souvent!), ajoutait à cette impression.
Toujours est-il que les gens présents se sont laissés aller à se trémousser, heureux de quitter leur quotidien le temps d’une soirée, et les musiciens doués de Thievery Corporation ont offert un bon spectacle et même réussi à faire danser sur du hip-hop des gens qui ne le font probablement pas souvent.
La croisière s’est bien amusée.
L'avis
de la rédaction