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Crédit photo : Mathieu Pothier
Suave, cotonneux et délicieusement rétro suffisent à caractériser ce nouveau tour de force de l’icône de la scène pop jazz de ces quinze dernières années. Toujours à la recherche de cette fameuse note bleue, ce Day Breaks s’inscrit inévitablement dans la lignée des Feels Like Home, Little Broken Heart ou The Fall, mais avec un retour à ses premières gammes au piano.
Hier soir, la salle Wifrid-Pelletier était comble pour saluer le passage de l’artiste à Montréal, terre de jazz éclectique et fourmillante. Sa prestation fut, sans commune mesure, à la hauteur de cette diversité des styles et des genres, comme si Norah Jones avait préfiguré ce concert tel un voyage aux racines de la musique américaine.
Ne s’abandonnant pas aux chemins de l’errance, la musicienne virevoltait tout en cohérence entre les genres, des sonorités jazz de la Nouvelle-Orléans sur «Sinking Soon» à l’élasticité folk-rock de «Don’t Be Denied», emprunté à son ami Neil Young, sur des sonorités légèrement groovy comme dans «It’s a Wonderful Time for Love» ou plus rock’n’roll de «She’s 22».
Quand Martha Wainwright l’a rejointe sur scène, on sa senti comme un parfum d’apothéose alors qu’elles ont entamé les premières notes de «Talk to Me of Mendocino» des sœurs McGarrigle. Mais c’était sans compter sur leur performance remarquable d’«Everybody Knows» du vénéré Leonard Cohen pour que le sublime ne viennent titiller l’excellence.
L’apogée ne tenait pas encore son heure, mais Norah Jones sait y faire avec les circonstances et on lui en est profondément reconnaissant. Les ardeurs libertaires, languissantes et langoureuses de la compositrice ont incroyablement laissé ce concert prendre l’amplitude digne des grands de ce monde.
Comme un sursis, «Flipside» affinait les contours dessinés par Day Breaks, pourtant le retour sur scène après le rappel se révélait sans communes mesures avec ce qui avait précédé. Digne d’un pur groupe d’americana, Jones, accompagnée de son groupe Puss n Boots, achevaient en formule acoustique «Sunrise», et «Comme Away With Me», aussi authentique que proche de l’excellence entre solo de piano et guitare Dobro.
Indélébile, ce passage de Norah Jones à Montréal s’est affirmé comme un ravissement jouissif entre aisance et savoir-faire. Et si la jeune femme a déjà tout d’une grande, les promesses d’une carrière encore florissante restent inévitables.
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de la rédaction