«Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent» de Samuele – Bible urbaine

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«Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent» de Samuele

«Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent» de Samuele

Un album sans complexe

Publié le 9 mai 2017 par Alexandre Provencher

Crédit photo : InTempo Musique

Indéniablement, Samuele est une artiste à découvrir. Sa poésie, sa musicalité et sa fougue ne font que s’entremêler dans cet album aux couleurs folk-rock, blues et indie sans complexe. Sans complexe, oui. La poète-musicienne se situe hors des standards; elle s’affirme haut et fort; elle prend sa place; elle revendique grâce à des textes engagés mais surtout au diapason des préoccupations, valeurs et réalités actuelles, qui parlent de l’amour et du désir comme nul autre. Ses douze compositions possèdent une trame narrative unique et sont soutenues par une musique dynamique. Un bien bel album que voilà!

L’opus s’ouvre sur un poème senti, intelligent, fort et imagé. Une véritable ode au féminisme. C’est une prise de position envers le féminisme mou, mais aussi à l’inaction et à la soumission. C’est une prise de bec aux images véhiculées à tous azimuts, aux boutades lancées ici et là que l’on pense inoffensives, mais finalement bien ancrées.

«Allez souris! Tiens-toi droite! Surveille ton assiette, compte les calories de ta recette». Ce texte donne le ton à l’album de Samuele. Les textes qu’elle livre, telle une narration en continu, mettent de l’avant diverses revendications féminines fortes, dans un premier temps. Mais bien que ce féminisme soit le premier vecteur de son écriture, on le sent s’amoindrir à la deuxième chanson et revenir uniquement dans «La Révolte». La musicienne traite plus en profondeur de la désinvolture d’une amoureuse déçue et rêveuse. Ainsi, l’amertume et le désir se chevauchent dans les textes sagement réfléchis de l’auteure-compositrice-interprète.

En fait, disons-le, les textes sont magnifiques. C’est ce qui rend l’album aussi pertinent et intéressant à écouter, en boucle. Samuele, sans tabou, a le sens des mots et de leur musicalité, un peu comme les grands de la chanson.   

D’ailleurs, parlons-en de la musique. Accompagnée pour l’occasion de cinq musiciens, Samuele propose ici des styles et univers assez diversifiés: d’un rock quasi expérimental s’entremêlant avec le blues, avec «Tous les blues», au spoken word avec «Égalité de papier». Bien qu’inégales dans leur style et leur rythmique, ce qui se répercute à l’écoute, les douze compositions s’avèrent accrocheuses. La guitare est omniprésente: il s’agit presque d’une extension de la chanteuse. Ce faisant, elle s’en sert autant dans les mélodies les plus rock que dans les «ballades» plus tristes comme «Le Lest».

Parmi les compositions qui retiennent l’attention, la pièce «Compter sur ça» sort notamment du lot, de par sa tendresse et sa montée en puissance. On y remarque quelques influences de Louis-Jean Cormier, avec Le treizième étage, dans les rythmiques et les envolées de guitares. Puis, «La sortie» propose un texte qui met de l’avant l’autonomie, la suffisance et l’émancipation de l’héroïne, et ce, sous-tendue d’une mélodie énergique du début à la fin par la batterie et la guitare. Finalement, ne passez pas tout droit. Il y en a une petite cachée, «Hochelaga, mon amour», qui se trouve à la fin de l’album et qui s’avère un véritable ver d’oreille grâce au chœur qui chante à l’unisson son amour pour Hochelaga! On dirait un gros jam de salon.  

Avec Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent, Samuele fait oublier ce slogan féministe des années 1970 et réussit à le faire sien. Écoutez ce nouvel album pour ces mots, sa poésie et sa musique.

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