Théâtre
Crédit photo : Félix Beaulieu-Duchesneau et Hugo B. Lefort
Cherchant une manière de canaliser ses peurs de devenir père, Félix Beaulieu-Duchesneau amorce la création d’un roman graphique, une sorte de journal intime lui permettant lui aussi de vivre la grossesse de son amoureuse. Inspiré par des bandes dessinées comme Maus, Persepolis ou la série Paul, il couche sur papier les étapes qui lui ont permis d’apprivoiser sa nouvelle vie.
La double métaphore création/procréation est bien exploitée grâce à la rencontre entre le théâtre et la projection d’images tirées du carnet de dessins de l’auteur. L’intégration de la bande dessinée dans le solo théâtral permet de redoubler les dialogues, de multiplier les points de vue sur une anecdote, de prendre le relai de la narration ou encore d’exprimer en images des états d’âme que le personnage n’arrive pas à articuler en mots.
Félix Beaulieu-Duchesneau possède un talent en dessin indéniable, créant des œuvres à partir de différents médiums comme le crayon de plomb, l’encre ou le pastel. Parmi les dessins qu’il expose, ses autoportraits sont particulièrement réussis. L’influence de Lino, qui a participé au spectacle comme conseiller visuel, se fait sentir dans certains dessins plus bruts où l’image est construite à partir de traits de crayon épais et foncés. La bande dessinée est aussi l’occasion pour Félix de s’entretenir avec différents personnages imaginaires comme un «chien-ange» ou un grand singe, mais surtout avec la statue de Félix Leclerc, grand-père spirituel en l’honneur de qui il a été prénommé.
Le fait que Félix Beaulieu-Duchesneau interprète tous les personnages donne lieu à plusieurs scènes très drôles, comme la première rencontre avec la sage-femme mièvre de la maison de naissance, ou encore la (non-)réaction des parents de Félix à l’annonce de la grossesse de leur belle-fille. Le comédien donne une couleur particulière à chacun d’eux, qui frôle souvent la caricature, mais qui a le mérite de bien différencier les différents interlocuteurs des dialogues.
C’est toutefois au niveau de la fable que le bât blesse. Si la quête du personnage n’est pas banale et rejoint sans doute les préoccupations de plusieurs pères en devenir, l’histoire racontée par Félix n’offre pas assez de matière à laquelle se raccrocher et reconduit plusieurs lieux communs associés aux angoisses parentales. Son récit aurait gagné à intégrer des anecdotes plus personnelles qui auraient aidé le spectateur à s’attacher au personnage et auraient attisé sa curiosité d’en savoir plus.
Ainsi, malgré le magnifique visuel de la pièce, «Le nombril du monstre» ne rejoint pas les attentes suscitées par l’originalité du projet et par la qualité de l’équipe de création.
L'événement en photos
Par Félix Beaulieu-Duchesneau et Hugo B. Lefort
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