ThéâtreEntrevues
Crédit photo : Éric Dumais
C’est devant une cinquantaine de spectateurs attentifs et curieux que Dominic Champagne a parlé de sa passion pour le théâtre, la musique et, bien sûr, la mise en scène, au cours d’un entretien de près d’une heure qui a passé beaucoup trop vite. C’est que l’artiste de 53 ans a cette façon bien à lui de dire les choses et de raconter ses souvenirs, son caractère engagé et son humour discret aidant à nous le rendre d’autant plus attachant.
«Est-ce que tu te souviens du moment qui t’a donné envie de faire du théâtre?», a demandé Catherine Pogonat d’entrée de jeu, ce à quoi Dominic Champagne lui a répondu: «C’est à l’école, j’imagine. Quand le prof a fini de nous intéresser et que l’ennui commence à nous gagner, l’idée de prendre le plancher et de faire rire le monde, ça m’a habité assez tôt. Même à la maternelle, à la prématernelle, c’est là que ça a commencé pour vrai», a-t-il confié.
À l’instar d’Alexis Martin, Brigitte Poupart, Yvan Bienvenue et Jean-Frédéric Messier notamment, Champagne a fondé sa propre compagnie au milieu des années 1980 pour que sa «parole s’incarne dans des shows», car s’il n’avait pas eu l’idée de porter le chapeau de producteur, il était à peu près certain que ses créations ne seraient pas montées par d’autres. Il a eu cette chance d’aller au bout de ses ambitions et de présenter au public la matérialisation de sa pensée, donnant ainsi à voir des spectacles originaux et éclatés.
Une thématique récurrente chez Dominic Champagne
Avec du recul et des années d’expérience derrière la cravate, le metteur en scène a constaté, suite à une question posée par Pogonat lors de l’entretien, qui lui a par ailleurs rappelé une entrevue avec le journaliste Michel Vaïs de la Revue JEU, qu’il y avait un fil conducteur dans ses spectacles. «Je me suis rendu compte que je parlais toujours de la même chose, que je suis toujours en train raconter la même histoire, que ce soit quand je me suis confronté à Don Quichotte, à L’Odyssée d’Homer, au monde des Beatles, là encore avec The Wall, il y a quelque chose que j’éprouve et que je ressens profondément, c’est le besoin et la mort du rêve.»
Dans ses mots, Dominic Champagne nous a expliqué sa démarche créatrice qui prend son point de départ dans l’acte de «célébrer la beauté du rêve, la tristesse d’être les contemporains de la mort du rêve». Philosophe, il a entre autres clarifié sa pensée en citant comme exemple le fil conducteur de son spectacle Cabaret Neiges noires, où l’on assassinait Martin Luther King à coup de tartes à la crème. «Moi, je suis né en 1963, l’année du I have a dream, pis j’ai 5 ans quand on entend la détonation qui l’assassine, donc je suis contemporain du rêve et de la mort du rêve».
De Love des Beatles à sa plus récente production The Wall qu’il présentera à compter du 11 mars à la Maison symphonique en collaboration avec l’Opéra de Montréal, Champagne nous a entraînés dans les traces d’un passionné qui n’a pas fini de faire de l’art le centre de son univers, de même qu’au cœur d’un discours à caractère politique où il a entre autres parlé, et ce, jusqu’à la fin de l’entretien, de sa colère pour ces politiciens qui s’occupent de leurs intérêts et non de ceux des Québécois, et de ce vide à combler qu’il aurait bien envie de combler s’il décidait de se lancer en politique.
Au final, force est d’admettre que Catherine Pogonat a dirigé un entretien fort intéressant en compagnie d’un homme qui n’a pas peur de dire le fond de sa pensée, qualité qu’une dame du public n’a pas hésité à lui faire part lors de la ronde des questions d’ailleurs, mais l’animatrice n’aura toutefois pas réussi le petit défi qu’elle s’était lancé lors de sa préparation: comment un créateur comme Dominic Champagne absorbe la critique, qu’elle encense ou non ses spectacles. Une prochaine fois peut-être!
Pour en savoir plus sur les Entretiens chez Georges-Émile et pour connaître les prochains invités, consultez le www.placedesarts.com/chez-georges-emile.
Notre fil Twitter en action lors de l’entretien:
«Mélange entre le très dur et le divertissement pur, le rire et le désir de s’éclater», voilà l’art de Dominic Champagne. #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 9 février 2017
«Il faut que ce soit intense. Me mettre dans le trouble et dans une situation de survie, je suis pas maso mais j’aime ça!» #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 9 février 2017
«Je ne suis pas un grand amateur d’opéra, je suis un créateur inquiet, mais ici j’ai envie d’y aller fort avec The Wall. #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 9 février 2017
«Quelque chose me torture en dedans, je suis un créateur indigné et l’appel de la politique m’a souvent traversé l’esprit. #ChezGeorgesEmile
— Bible urbaine (@Bibleurbaine) 9 février 2017