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Crédit photo : Remstar Films
Après un passage remarqué comme invité à un talk-show populaire pour parler de la situation des assistés sociaux, Paul Bougon (Rémy Girard) fonde un parti politique, poussé par une vague de sympathie du public. Le Parti de l’Écœurement National (ben oui, le PEN) sera donc l’outil ultime du clan pour renflouer ses coffres. Mais Rita (Louison Danis) profite d’une invitation de sa sœur pour partir à Cuba soigner son propre écœurement, celui de servir sa famille en général et son mari en particulier. Mais on sait bien que, même bien huilée, une machine qui perd une composante se déglingue rapidement. Ainsi en va-t-il du gouvernement du PEN sans Rita.
Issu de la série télévisée en ondes de 2004 à 2006, le film renoue avec des personnages et des situations qui vont au-delà de la caricature. Les Bougon ont toujours dépassé les limites de la fiction comme celles du mauvais goût. On ne questionne pas les incongruités (comme le fait que le parti prenne le pouvoir sans députation), on ne cherche pas la vérité, on frappe tout ce qui bouge. En fait de distribution de claques généralisée, le film est à la hauteur des attentes et personne n’est épargné.
Certes, le film est à ce point en accord avec l’essence de la série et de ce qu’elle véhiculait qu’il se trouve involontairement à parodier des évènements réels qui ont eu lieu après l’écriture du scénario ou le tournage. Les scénaristes ont-ils vraiment beaucoup de flair ou les politiciens sont-ils à ce point prévisibles? Probablement un mélange des deux. Le cynisme ambiant ne s’en trouve évidemment que renforcé, mais à la décharge des scénaristes, il n’appartient pas au cinéma de redonner espoir en une élite politique.
Néanmoins, passé le plaisir des retrouvailles et des clins-d’œil, il faut admettre que le scénario s’essouffle rapidement. Les nombreuses références à l’histoire passée ou récente auraient été amusantes si leur rôle avait été d’ajouter une couche d’humour à un scénario solide et vraiment original. On a plutôt l’impression qu’elles sont destinées à soutenir le film en compensant pour un manque de profondeur dans ce qui aurait dû constituer la trame. On se retrouve donc devant une proposition connue d’avance, en quelque sorte: la finance domine la gouvernance et la volonté qu’il faudrait pour renverser la vapeur fait défaut chez les Québécois. La phrase par laquelle Mao l’exprime est plus crue que cela, mais c’est la conclusion paraphrasée.
Le passage de 30 à 90 minutes n’est donc réussi qu’à moitié: on a trouvé suffisamment de blagues et de situations absurdes pour meubler et, scène par scène, il faut reconnaître qu’il y a de bonnes idées. Pourtant, le temps finit par être long. Le jeu des acteurs n’est pas en cause, tous fidèles à la qualité qu’on leur connaît.
On aurait souhaité que le propos se déploie dans une trame narrative plus étonnante.
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Par Remstar Films
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