LittératureRomans québécois
Crédit photo : Éditions Québec Amérique
Assis derrière son micro, Michel voit les jours, les semaines et les années passer sans surprise. Les entrevues et les sujets d’actualité se suivent et se ressemblent. Toutefois, un jour, sa femme le quitte pour prendre une année sabbatique. Sa fille de 19 ans souhaite aussi prendre une année sabbatique avant d’embarquer dans ses études universitaires. Mère et fille prennent donc un vol pour l’Italie. Face à lui-même, Michel doit prendre du recul et faire le point. Comment sera sa vie maintenant?
La Caverne est une lecture à la fois divertissante et remplie de réflexions. Les pages se tournent facilement, sans lourdeur. Elle rappelle le sentiment que le lecteur a pu ressentir avec Un petit pas pour l’homme de Stéphane Dompierre. Il navigue au fil des pages, sans se sentir poussé par les péripéties. Certains passages dans la deuxième moitié du livre ralentissent malheureusement la lecture jusque-là si légère et fluide. Le lecteur pense alors qu’on veut lui faire avaler certaines notions d’histoire et d’actualité. Et vraiment, le rythme se voit brisé. Quand le lecteur aura traversé ces pages, il pourra jouir d’une finale à la fois douce et cohérente avec l’ensemble du récit.
Le personnage de Michel, que l’on croit au départ condescendant, n’est que blasé par son quotidien. Il est confronté jour après jour au cynisme présent dans l’actualité. Face à lui-même, Michel laisse place à notre propre réflexion. Soulignons toutefois que cette dernière ne prend pas toute la place. Nous sommes bien dans un roman et non un essai. Or, cette critique de l’actualité s’harmonise bien avec la volonté de l’auteur de sortir Michel de son confort d’homme marié. Après tout, l’humain s’adapte, s’habitue. Il s’habitue à une actualité racontée au fil des drames et des scandales, comme il s’habitue à une vie quotidienne routinière, au risque de s’y perdre. Ainsi, un brin d’inconfort ne fait pas de tort et comme Gilbert Turp le raconte, il peut même permettre de revivre.
En plus d’un récit entraînant, l’auteur le fait avec une plume douce, sans fioritures. Il nous offre parfois des bijoux de phrases qui nous arrachent un sourire ici et là. Il est facile de s’installer confortablement dans le texte. Le lecteur s’y sent comme à la maison. Il faut par contre pouvoir passer par-dessus quelques pages plus lourdes comme cela a été dit plus haut.
Malgré tout le plaisir que le lecteur aura avec La Caverne, une chose ne semble pas coller avec le récit: le titre. Bien que l’on comprenne rapidement à quoi fait référence «la caverne», il n’est pas, au premier abord, très éloquent et accrocheur. Et le récit évoque plutôt le fait de sortir de la caverne, et non la caverne en elle-même.
Alors, passez outre quelques pages et un titre «questionnable» pour passer un bon moment lors de votre prochaine journée de congé!
L'avis
de la rédaction