MusiqueEntrevues
Crédit photo : Michel-Olivier Gasse
Ancien disquaire et grand collectionneur de vinyles, Michel-Olivier partage, depuis quatre ans, ses découvertes musicales avec ses abonnés Instagram. C’est à ce sujet que nous l’avons rencontré, par une journée pluvieuse d’octobre, dans un café. Discussion microsillons.
Sur Instagram, @mogasse se décrit comme suit: «En direct de Carillon. Le gars dans Saratoga. J’écoute des disques». Et des disques, il en écoute. Depuis 2012, son compte est placardé de pochettes de vinyles, toujours accompagnées d’un petit mot, d’une critique ou d’une anecdote.
Derrière chaque publication se cache toute une préparation. «J’ai toujours une pile de nouveaux arrivages pas encore instagrammés. J’attends souvent d’être seul pour les faire jouer, pour avoir le temps d‘en faire une vraie écoute», explique-t-il. Pour le musicien, le texte accompagnant la photo est aussi important que la photo elle-même. «J’ai envie de pouvoir mettre un commentaire conséquent sur chaque disque. Pas juste une pochette avec des hashtags pas rapport».
C’est d’ailleurs cette envie de partager ses découvertes musicales qui l’a poussé à publier ses trouvailles. «L’idée, c’est de montrer que ces disques-là existent, que j’en ai pensé ça et, un jour, quand quelqu’un tombera dessus, ça lui rappellera quelque chose. Pas juste de flasher que j’ai des disques, t’sé».
La qualité, plus que le nombre, est d’ailleurs une caractéristique essentielle pour choisir les albums qu’il achète. «Quand tu commences une collection de vinyles, tu tombes sur des vieilles affaires de mononcle des années 1970 où ils avaient tous les mêmes disques. Maintenant, j’ai pas tant envie d’accumuler des vinyles que de rendre ma collection irréprochable», affirme le bassiste.
C’est aussi le côté physique de la chose qui lui plaît. «J’aime toujours mieux mettre un disque. Il y a quelque chose de beau dans l’usure des objets. Ça me touche énormément. Je dégrade un peu le disque à chaque fois que je l’écoute et ça me fait triper. Cette dégradation-là démontre de l’amour que j’ai pour un album».
À l’ère d’iTunes, de Spotify, de Google Music et autres, ce sont plutôt les trouvailles qu’offrent les boutiques spécialisées qu’il préfère. «Je trouve ça cool qu’Internet nous donne accès à tout, mais je m’en fous un peu, ça ne m’intéresse pas», affirme Michel-Oliver. «J’aime mieux entrer dans un magasin avec une petite sélection où je peux tout voir. Comme le Café 180g dans le Mile-End, c’est pas gros ce qu’ils ont comme sélection, mais c’est sur la coche!»
En rafale:
Le premier album qu’il a acheté?
«Le premier disque que j’ai acheté c’est “State of Euphoria” d’Anthrax. J’étais kid, je devais avoir douze ans à peu près, et j’avais acheté ça au Music World des Galeries des Quatre Saisons. Il était en liquidation parce qu’ils arrêtaient la production de vinyles.»
Celui qui lui échappe encore à ce jour?
«Lola quelque chose des Kinks (n.d.l.r. «Lola Versus Powerman and the Moneygoround, Part One») que j’ai jamais vu en magasin. C’est comme un petit rêve de le trouver».
Ce qui tourne chez lui cet automne?
«En ce moment, j’écoute beaucoup le dernier Avec pas d’casque, je trouve qu’il convient parfaitement à l’ambiance que je recherche. Il y a aussi “Not So Deep As Well” de Myriam Gendron, qui joue beaucoup depuis que je l’ai acheté. Ça hante tellement c’est beau, c’est un disque magnifique.»