«Scavenger» de Camille Poliquin alias KROY – Bible urbaine

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«Scavenger» de Camille Poliquin alias KROY

«Scavenger» de Camille Poliquin alias KROY

Pour planer du côté obscur de la vague

Publié le 14 septembre 2016 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : www.facebook.com/KROYmusic/photos

La Montréalaise Camille Poliquin, douce moitié de Milk & Bone, s’est permis ici d’entremêler son côté pop avec des explorations électros juste assez discordantes pour échapper à la banalité et pour nous immerger dans une ambiance un rien inquiétante. Le tout lui a permis de réaliser avec brio sa métamorphose pour devenir KROY, une créature chantante et aux allures vampiriques.

Ses accords sonnent assez juste avec l’air du temps pour lui permettre d’aspirer à un vaste auditoire, parmi ceux qui ne sont pas trop en quête d’acoustique. Mais les amateurs de gothique risquent fort de devenir les premières cibles qui se sentiront visées par ses textes à thématiques quasi anthropophages.

C’est d’ailleurs dans «Cold», alors que KROY s’immerge totalement dans cette fantasmatique, qu’elle offre ses passages lyriques et musicaux les plus attrayants:

«Truth is I prefer your body when it’s cold
So lay still and please don’t try to hold my hand
No one cares that you’re alive, no one knows you’re about to die
Throat in my hands, Fear in your eye
Tears on the bed, Blood in my mouth»

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Ses allures de morte-vivante sont également mises de l’avant dans «River» et dans la vidéo qui l’accompagne. Rien de très dramatique toutefois, puisqu’il ne s’agit, en fait, que d’images tirées d’un sombre romantisme pour mettre en relief un discours de fond qui ne se hasarde jamais bien loin des sentiers trop souvent battus des amours meurtris.

Il faut tout de même reconnaître derrière les mots simples de KROY une belle habileté à manier la musicalité de la langue, en maintenant le rythme et le rappel des sonorités, tout en y ajoutant graduellement des détails faisant jaillir des nuances nouvelles, comme dans «Learn»:

«You’re gonna have to learn to love
I’m gonna have to learn to breathe
You’re gonna have to learn to love
I’m gonna have to learn to leave»

Mais il s’agit là d’un des passages les plus lumineux, avec les vers de «Go», d’un horizon amoureux plutôt pathétique. L’album demeure toutefois un ensemble assez homogène et il est difficile d’en cerner un moment comme étant vraiment porteur d’un message ou d’un style distinct.

Certains créateurs en électro aiment passer par le bruitage ou quelques sons à la limite du tolérable pour marquer les esprits: l’œuvre de KROY n’est pas de cette nature. On n’y trouve pas plus de grincements de cercueil que d’accords de guitare. Et c’est par des notes étrangement joyeuses que sa voix de femme-enfant entraîne ses auditeurs dans son univers peuplé d’amours fatals. En conséquence, à défaut d’écouter les paroles, on se retrouve dans une ambiance totalement différente.

Et disons que, chez le commun des mortels, il y a de fortes chances qu’alors l’harmonie des sonorités et des syllabes finissent par appâter l’esprit plus que le drame.

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