En zone confortable avec Beirut et Little Scream au Théâtre Corona de Montréal



En arrivant au Théâtre Corona, il y avait une longue queue pour rentrer et on pouvait entendre un murmure incessant de «Beirut Beirut Beirut»… La salle s’est remplie très vite, tout le monde se pressait d’acheter sa bière et de se trouver une place devant la scène. 
Little Scream, alias Laurel Sprengelmeyer, précéda l’heure de gloire de Beirut. Le mélange d’art rock et de folk de l’Américaine, basée à Montréal, était l’apéritif parfait pour introduire les rois du folk et de musique du monde.

Enfin, Beirut arriva sur scène. Ils ont enchaîné les anciens morceaux préférés comme «Elephant Gun», «Postcards From Italy», «Nantes», «The Gulag Orkestar» ainsi que des titres plus récents comme «No No No» et «Perth». La voix légèrement somnolente et carrément hypnotisante de Zach Condon berça le public, accompagnée des trompettes et percussions qui sont tellement plus intenses en concert qu’avec des écouteurs. Les lumières d’une teinte violette accompagnaient les montées et descentes des instruments.

C’était un concert relativement calme, tout en étant d’une énergie revigorante. Le public balançait ses hanches et sa tête en tapant du pied de temps à autre. Ce n’était pas un spectacle où chacun est agglutiné contre ses voisins dégoulinants de sueur, ce qui n’est pas toujours agréable. Beirut ne dansait pas frénétiquement sur scène non plus, mais il donnait au public ce qu’il désirait: le transporter dans leur bulle des pays de l’Est, de folk des Balkans, d’indie rock teinté de sons tziganes.


C’était rafraîchissant de voir un public avec seulement quelques rares portables sortis pour filmer une chanson préférée. Chaque spectateur était plongé dans le spectacle, comme s’il rechargeait ses batteries en se nourrissant de l’énergie de la musique de Beirut en fredonnant des paroles familières avec un grand sourire.


Le groupe américain est baptisé après la ville du même nom, car c’est un lieu où deux cultures et où deux mondes s’entrechoquent. Cette image est très présente dans les chansons de Zach Condon. En effet, on pouvait distinguer plus clairement les deux forces qui gouvernent la musique du groupe, jeudi soir, qu’en les écoutant sur un MP3.

Un enthousiasme pour rechercher la beauté dans le monde s’entrechoque à une angoisse ordinaire de la vie.

On peut déjà deviner cette antinomie à travers certaines paroles, mais en concert on peut encore mieux la ressentir. La trompette et le trombone puissants et énergisants semblent gémir un peu plus distinctement. Le ukulélé léger et joyeux semble grincer un peu à certains moments.



Le dernier album No No No, sorti en 2015, a suivi une crise d’épuisement dans la vie de Zach Condon, qui l’a sûrement influencé. La pause du groupe, qui a précédé l’album, lui a permis de retrouver la relation intime avec la musique qu’il pensait perdre un peu. L’album est un peu plus pop, et il avait l’air réellement heureux de jouer sur la scène du Théâtre Corona.



Une belle soirée dépaysante qui a régalé chacun d’une dose d’énergie et de joie de vivre. On a déjà hâte de voir ce qui suivra leur plus récent opus et leur tournée estivale!