ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Roxane Loumède
Avec Mavericks and the Monokini, la compagnie bilingue Troisième espace/Third Space propose de faire entendre la parole de huit auteures de la relève des communautés francophones et anglophones de Montréal. Livrée par des actrices principalement issues de la formation en «Theatre Performance» de l’Université Concordia, la pièce cherche à poser un regard féministe et humoristique sur certaines situations auxquelles les femmes sont confrontées au quotidien.
En entrant au loft 307 de la rue Durocher, le public se fait accueillir par une mascotte énergique qui met de l’ambiance dans la salle. Des médailles et des trophées sont exposés sur une planche à repasser, laissant entendre que l’on s’apprête à assister à du sport de haut calibre. Conçu par la scénographe Sophie El-Assaad, un terrain de balle-molle occupe le centre de la pièce, sur lequel les six comédiennes s’échauffent, se motivent et s’encouragent. Habillée tout en blanc, chacune semble être prête à tout donner pour montrer ce dont elle est capable.
Si le fil conducteur du spectacle montre un bel exemple de résistance féminine, les textes des différents tableaux proposent des réflexions qui restent souvent en surface. Les personnages subissent l’inégalité encore très présente entre les hommes et les femmes dans la société sans toutefois s’imposer de manière active pour y remédier. On aurait espéré une critique féministe encore plus assumée dans l’écriture des textes.
La mise en scène de Roxane Loumède vient toutefois pallier cette lacune en développant un travail intéressant sur la gestuelle des comédiennes. La douceur et la délicatesse cohabitent avec un jeu assez physique où les femmes courent, se lancent des balles et frappent au bâton. Sur ce plan, le tableau où les six actrices reconstituent un échange entre deux individus sur un site de rencontres est particulièrement réussi. Sur une musique de fête foraine, les répliques s’enchaînent dans une chorégraphie ponctuée de grimaces reconstituant des émoticônes et de sauts illustrant les signes de ponctuation.
Meagan Schroeder est très convaincante dans le rôle de July Jones, dont la soif de justice augmente tout au long de la pièce. France Maurice se démarque également dans la variété de son jeu qui l’amène à explorer plusieurs facettes de son talent. Il est également intéressant de voir avec quelle aisance les comédiennes passent du français à l’anglais, respectant ainsi la langue des textes originaux.
Mavericks and the Monokini donne envie de s’intéresser au travail de la compagnie Troisième espace/Third Space et à espérer davantage de collaborations bilingues entre les artistes francophones et anglophones de Montréal. Par ailleurs, les textes du spectacle sont mis en vente dans un joli catalogue illustré par Sophie El-Assaad, dont les profits serviront à financer les prochains projets de ce groupe d’artistes de la relève féminine théâtrale.
D’autres représentations seront offertes ce jeudi 28 juillet à 20h00 et ce vendredi 29 juillet à 19h00 et 20h00.
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de la rédaction