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Jeanne Added au Club Soda à l’occasion du Festival international de Jazz de Montréal 2016

Libératrice et sensationnelle

Publié le 6 juillet 2016 par Benjamin Le Bonniec

Crédit photo : Mathieu Pothier

Après un premier passage montréalais en septembre dernier, l’impressionnante Jeanne Added se présentait au Festival International de Jazz de Montréal avec la stature d’une artiste emplie de louanges de l’autre côté de l’Atlantique et désireuse de défendre son épatant album Be Sensationnal. Hier soir, cette Française, baignée dans le jazz à ses débuts, a offert une prestation éclatante et rythmée à la hauteur de sa réputation scénique. Se confrontant avec aplomb à la poignée de spectateurs présents au Club Soda, Added bifurquait aux croisements d’une pop électronique et d’un post-punk authentiquement rock pour au final assener un coup marquant au penchant indé de cette édition 2016.

On entendait depuis quelques mois les éloges venus de Paris ou Londres. On recevait par bribes les échos de ses lives saisissants, de ses joutes magnétiques et fracassantes avec le public depuis la sortie de ce Be Sensationnal qui délivre instinctivement un souffle pur, sincère et courageux dans le milieu du rock indé.

Mardi soir, Jeanne Added a délivré une performance libératrice, convaincante à la hauteur des attentes. Le bémol reviendrait sans doute au public émietté présent. Un auditoire seulement peuplé d’une cinquantaine de personnes, mais qui s’est rapidement penché favorablement pour la personnalité chaleureuse bien que pudique de la jeune Française.

Sur scène, Jeanne Added a déballé ses compositions, fruit de cet album marquant la renaissance d’une artiste au passé classique comme violoncelliste et ayant longtemps rodé dans le milieu du jazz comme vocaliste. Par ce projet musical, qu’elle offre en compagnie de Marielle Chatain, Narumi Hérisson et Emiliano Turi , l’artiste propose un net tournant rock à sa carrière. Mais loin des conventions pop-rock, Jeanne s’évertue à virer au détour des genres et de ses inspirations, du post-punk lourdement rythmé où la cold wave n’est jamais loin, à l’électro pop baladeuse aux sombres synthétiseurs.

Les minauderies et autres artifices ne vont pas de pair avec la jeune trentenaire dégageant une maturité brouillant à chaque nouveau morceau les pistes envisagées. Jeanne Added, dans cette expression rock de l’après-Joy Division, ne tombe pas dans l’écueil d’une banale rétrospective des eighties. Une musique réinventée, la teinture d’une pop contemporaine, puisant ses inspirations du côté de Bowie et Prince jusqu’à Beach House, Cat Power voire Lorde, au lyrisme implacable rappelant les Cocteau Twins, Siouxsie and the Banshees ou de l’icône underground de la no-wave Lydia Lunch, donnent ainsi toute son amplitude salutaire à cet ensemble résolument rock.

Élégante («Look At Them»), conquérante («A War Is Coming») jusqu’à être électrisante (« It ») et Jeanne Added impressionne par son éclectisme et sa facilité déconcertante à se balader dans les circonvolutions des genres que composent son album. Ce vent de fraîcheur dans l’électro-pop-rock actuelle nourrit les espoirs perçus depuis ces fameuses Transmusicales 2014 (France) chez cette artiste au talent indéniable. Dans ce Club Soda légèrement vide, Jeanne Added a passé le message et si le bouche-à-bouche est porteur, aucun doute qu’elle affermira sa garde dans le paysage musical de ce côté de l’Atlantique.