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Pour ceux qui ne connaissent pas Mingus, c’est un des piliers de la musique jazz américaine. Le contrebassiste s’est montré un compositeur prolifique en écrivant des centaines, voire des milliers de morceaux des années 50 aux années 70, et il était réputé pour ses improvisations et mille variations en concert. Son approche de la musique lui a valu d’être perçu comme un des pionniers du free jazz.
Inutile de dire que les musiciens qui tentent de recréer une expérience à la Mingus doivent être fort talentueux et très concentrés afin de bien se synchroniser et de retomber pile sur les temps entre les parties plus improvisées. C’est ce que réussit parfaitement l’ensemble de Normand Guilbeault, contrebassiste québécois des plus reconnus, qui a réuni ici des musiciens jazz de renom tels que le très respecté Jean Derome au saxophone alto et baryton ainsi qu’à la flûte traversière, Mathieu Bélanger à la clarinette et à la clarinette basse, Ivanhoe Jolicoeur à la trompette, Normand Deveault au piano et Claude Lavergne à la batterie.
L’ensemble existe depuis une vingtaine d’années et cette connaissance des autres, musicalement, est un atout indéniable pour faire vivre la musique de Mingus. Hier, les compositions du jazzman américain nous ont semblé simples à exécuter tant les musiciens de l’ensemble avaient du plaisir à les jouer. Leur virtuosité ne laissait sentir aucun effort, plusieurs spectateurs paraissaient impressionnés. Avec raison: ces musiciens sont effectivement impressionnants.
Le répertoire exigeant de Mingus n’a pas empêché l’ensemble d’offrir au public deux généreux sets de plus d’une heure chacun, où il a interprété, avec Guilbeault comme maître à bord et force tranquille du groupe, les «Peggy Blue Skylight» et «Prayer for Passive Resistance» en passant par «Song With Orange», un peu plus blues, ou la plus douce «Weird Nightmare». Puis lors du deuxième set, belle surprise de Karen Young, qui venait tout juste de remporter le prix Oscar Peterson du FIJM, et qui est allée joindre sa magnifique voix à l’ensemble pour interpréter «Strolling». Les spectateurs ont été privilégiés hier de voir autant de grands du jazz québécois dans une petite salle.
Bien connu des amoureux du jazz, mais aussi des musiciens, le Dièse Onze est un club jazz chaleureux qui peut rappeler les soirées speakeasy d’antan et où l’expérience musicale est peut-être plus authentique, du moins plus intime. Malgré qu’il soit situé dans un sous-sol de la rue Saint-Denis, l’acoustique y est très bonne et la proximité de la scène permet une belle communion entre les musiciens et leur public. La preuve en a été faite hier. C’était l’endroit parfait pour écouter du jazz dans une ambiance chaleureuse.
Sinon, pendant le Festival international de Jazz de Montréal, l’excellent groupe soul funk The Brooks y fera le party le mercredi 6 juillet, le James Gelfand trio y sera le vendredi 8 et il y aura un hommage à Miles Davis le samedi 9 juillet.
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de la rédaction