LittératurePoésie et essais
Crédit photo : Éditions du Septentrion
Michel Lévesque fait un retour sur le premier centenaire d’existence du plus vieux parti politique du Québec, à l’époque où la province n’était pas encore divisée sur la question nationale. Le Parti libéral du Québec était alors le parti des notables, progressiste, mais aussi conservateur à ses heures. Avec sa méthodologie claire et précise, Michel Lévesque s’attarde principalement au financement du parti, aux clubs politiques, à la «machine électorale» ainsi qu’à la presse libérale.
Au détour des pages remplies de descriptions très longues et détaillées, on apprend quelques faits croustillants. On prend la mesure des luttes de pouvoir au sein du parti, entre son pendant fédéral et provincial, qui n’était qu’un seul parti indistinct pendant fort longtemps. On apprend que des députés libéraux avaient conclu des accords de non-compétition avec des députés de l’Union nationale, que le patronage était le cœur même de la vie politique et que le financement des partis politiques était déjà occulte, substantiel et rarement éthique. Le tout est représentatif de l’époque et éclairant sur la réalité politique d’aujourd’hui.
Devant la multitude de détails, le lecteur se perd parfois dans les noms et les chiffres, mais jamais il ne perd de vue le grand portrait que brosse Michel Lévesque à coups d’analyses d’états financiers et de mémoires politiques. Il est certain que ce livre intéressera bien davantage les férus d’histoire et de politique, prêts à se taper une brique pour le plaisir, plus que l’électeur moyen.
Ses nuances sont toutefois les bienvenues et elles déboulonnent certains mythes tenaces. Par exemple, il devient clair à la lecture de cet ouvrage qu’il n’y a jamais eu «d’âge d’or» de la politique québécoise, où les partis défendaient des idéaux politiques et où le financement était propre.
Publié aux Éditions du Septentrion, éditeur spécialisé en histoire, Histoire du Parti libéral du Québec – La nébuleuse politique. 1867-1960 est le premier tome d’une série sur laquelle travaille Michel Lévesque. Son livre a d’ailleurs été finaliste du Prix de la présidence de l’Assemblée nationale en 2014, une haute distinction dans la province. Les 800 pages peuvent rebuter: oui, la lecture est longue, mais précieuse pour notre mémoire collective.
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de la rédaction