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Crédit photo : Gracieuseté Body Worlds
La première réaction devant un requin ou un caïman de cette exposition est que, même séchées, sans vie et sans peau, ces bêtes parviennent à susciter l’émerveillement. Rien ici ne s’apparente à l’aspect macabre d’une suite de bestioles enlignées dans leur conserve de formol. Il faut dire aussi que l’on a vu grand et, parmi les 50 bêtes sélectionnées pour représenter leur espèce, on retrouve davantage de girafes, d’énormes autruches et de calmars géants que de créatures communes de poissonneries ou de poulaillers. Et que les écologistes se rassurent: toutes les créatures de l’exposition ont terminé leur existence vivante tranquillement dans un zoo.
Mais ces recréations décidément minutieuses mènent-elles pour autant directement à l’avancement des connaissances? En compagnie d’un guide très allumé, la chose, il est vrai, devient vite passionnante et nous rappelle que nos propres neurones sont encore bouillants de curiosité. Malheureusement, les guides ne sont pas toujours là. Alors, pour les visiteurs désireux d’aller par-delà l’émotion forte, il faudra être prêt à lire beaucoup, tout en s’assurant de ne pas perdre l’attention des plus petits, car, outre toutes ces créatures que l’on doit regarder sans toucher (et la tentation est très forte de le faire, même pour un adulte), on ne retrouve qu’un espace réduit mettant les devinettes et les explorations sensorielles à la portée des enfants.
Faute d’entendre ou lire les abondantes explications, le visiteur risque de ne pas savoir où regarder et demeurer dans un flou… artistique. En effet, dans cette manière de recomposer les corps, l’art a eu aussi son rôle à jouer. L’éventail des positions pour représenter un animal laisse sans doute place à moins d’audace que pour l’homme, mais il demeure que pour «traduire» les différents systèmes porteurs de vie à travers le corps (nerveux, musculaire, sanguin…) dans un langage visuel accessible à la compréhension humaine, des choix ont dû être faits. Et ceux de cette exposition dénotent d’un indéniable souci esthétique.
Certains modes de présentation semblent en effet plus attrayants qu’instructifs, mais d’autres mises en scène, laissant un peu de poils ça et là ou présentant «des scènes de familles» animales aident à ne jamais oublier que ce qui cherche à être vu, à travers ces pièces détachées, est l’élan de la vie.
L’exposition «Animaux à corps ouvert» est présentée jusqu’au 11 septembre 2016 au Centre des sciences de Montréal.
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Par Gracieuseté Body Worlds
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