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Crédit photo : Kele Okereke
Si Four, l’album précédent, laissait présager un retour à l’énergie dance-punk rapide des débuts, on se rend compte, dès les premières notes de «The Love Within», que Bloc Party est complètement ailleurs, nous proposant une disco-pop introspective, avec de nouveaux musiciens. De la formation initiale, seuls le chanteur Kele Okereke et le guitariste Russell Lissack sont restés, et ça se ressent! Terminé l’omniprésence des guitares et de la batterie, on passe aux synthétiseurs et au piano électrique. Tout cela est bien courageux, mais à trop vouloir se réinventer, on finit par s’égarer.
Il n’y a donc pratiquement aucun rock ici, on peut l’accepter, le groupe a pris de la maturité. Toutefois, quand Lissack se met à jouer de la pédale pour donner des sonorités synthétiques à sa guitare, on s’ennuie vite des rythmiques furieuses d’«Helicopter» ou d’«Octopus»: «The melody is taking over», chante un Okereke méconnaissable. On aimerait que ce soit vrai, mais l’ensemble reste malheureusement bien fade et propret, tombant souvent dans le cliché, tant dans les arrangements que dans les paroles.
Cette incursion dans l’électronique n’est pas nouvelle: dès le deuxième album A Weekend in the City, le groupe exploitait les boîtes à rythmes et les synthétiseurs. Cependant, c’est la première fois qu’il semble si timide en le faisant: on a l’impression d’écouter un projet solo de Kele Okereke tant le résultat est anonyme. Par moments, on s’ennuie de Matt Tong, un batteur fantastique qui ajoutait beaucoup aux mélodies. Ce dernier aurait probablement donné un peu d’énergie à la proposition, qui en manque cruellement.
Le principal problème est qu’aucune pièce ne ressort vraiment du lot. Certes, il y a plusieurs moments appréciables, comme le romantisme de «So Real», la fin hypnotique d’«Only He Can Heal Me», le son dream-pop de «Different Drugs» et «Virtue», ou les influences bluegrass de «The Good News», mais on ne creuse pas suffisamment le filon. On reste en surface.
Pour éviter la redite, il est essentiel pour des musiciens d’explorer et de se réinventer. Plusieurs groupes comme Arcade Fire sur Reflektor ou Nine Inch Nails sur Hesitation Marks ont incorporé avec succès de l’électronique mélodieuse à leurs compositions. Ils ont réussi là où Bloc Party déçoit, car ils ont su garder un peu de ce qui les distinguait tout en innovant.
Hymns donne l’impression d’être une transition non achevée vers autre chose. On semble vouloir migrer vers une pop plus taillée pour la radio, ce qui est légitime, mais le tout est peu assumé. Alors que d’autres groupes indie anglais comme Arctic Monkeys, Foals ou The Libertines (qui a fait un beau retour) continuent de rester pertinents, on peut se demander si Bloc Party a encore de l’essence dans le réservoir.
Cependant, Hymns marque incontestablement un nouveau commencement qui, on l’espère, sera plus convaincant la prochaine fois: «We will wait for you on the other side», chantait Okereke dans l’intemporelle Banquet… nous aussi on vous attend, sous un meilleur horizon.
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de la rédaction