Théâtre
Crédit photo : Courtoisie
1. «Variations sur un temps» de David Ives, mise en scène d’Eric Jean, Théâtre de Quat’Sous
Malgré l’habile distribution habituée au registre comique et que la pièce ait déjà été montée dans le même théâtre il y a près de vingt ans, jamais les spectateurs ne pouvaient s’attendre à un spectacle aussi bien ficelé, déjanté et amusant. Il y a un travail titanesque derrière ces Variations sur un temps, d’après une mise en scène d’Eric Jean, directeur artistique et général du Théâtre de Quat’Sous. Le magnifique et ingénieux décor, imaginé par Pierre-Étienne Locas, représentant des casiers d’école à usages multiples entourant un espace de jeu épuré; les costumes colorés, bien agencés et kitsch à souhait de Cynthia St-Gelais, bien sûr; mais aussi la livraison de répliques punchées et avec la bonne intonation de la part des six comédiens. Lire la critique.
2. «La Divine illusion» de Michel Marc Bouchard, mise en scène de Serge Denoncourt, TNM
Michel Marc Bouchard a écrit un texte digne d’un génie; on y révèle d’innombrables vérités, et en filigrane plusieurs critiques, qu’elles soient à propos de la religion, des codes du théâtre, du bien-paraître ou des différences entre les classes sociales. Il a insufflé dans ce récit fictif, qui aurait fort bien pu être véridique, nombre d’éléments historiques réels concernant la venue à Québec de Sarah Bernhardt, et la façon très peu civilisée avec laquelle elle a été reçue, et cela donne envie de découvrir ce personnage audacieux, frondeur et vrai. Il a usé d’ironie, d’humour et d’éléments présents dans l’actualité – les prêtres et la pédophilie, on ne passe pas à côté! –, a jonglé avec le cynisme et la lucidité, et a de plus créé une grande mise en abîme, en présentant une pièce de théâtre à l’intérieur même d’un spectacle théâtral. Quand on voit des pièces aussi intelligemment pensées et écrites, et qu’on découvre qu’on peut faire autant avec des éléments de décors qui nous semblent si simples, mais qui sont tout simplement ingénieux, on en reste impressionné. Mais ici, on est en plus placés devant des acteurs incarnés, impliqués et saisissants. Lire la critique.
3. «Macbeth» de William Shakespeare, mise en scène de Angela Konrad, Usine C
L’arrivée de la metteure en scène allemande Angela Konrad a créé une réelle commotion dans le paysage théâtral québécois. Après trois représentations seulement, tous les billets étaient vendus pour son plus récent spectacle Macbeth, présenté à l’Usine C. C’est une mise en scène brute et trash que propose Konrad. Par le biais d’un écran reproduisant certaines actions exécutées en direct dans l’arrière-scène, Konrad faisait revivre brillamment les démons du couple maudit. Dominique Quesnel éblouit dans le rôle d’une Lady Macbeth aveuglée par sa soif de pouvoir, puis envahie par les remords qui lui causent des terreurs nocturnes. Konrad semble avoir trouvé en Quesnel une partenaire artistique particulièrement féconde, avec qui elle partage une même vision du théâtre et de la création. En constante métamorphose entre le grotesque et le sublime, les acteurs brillaient dans tous les rôles. Lire la critique.
4. «Ennemi public» écrite et mise en scène par Olivier Choinière, Théâtre d’Aujourd’hui
Dans ce chaos orchestré et réglé au quart de tour, à la virgule près, et maîtrisé de main de maître par les comédiens, il est impossible de tout saisir. Alors qu’on joue avec les codes du théâtre en les faisant tous parler en même temps durant une bonne partie de la pièce, il faut souvent décider quelle conversation suivre. Le tout est frappant et confrontant, mais tellement efficace et représentatif de nous, de nos familles, de notre société. Les comédiens sont tout à fait brillants et absolument parfaits chacun dans leur distribution, et leur sens du rythme fait partie de la réussite de cette pièce. Mais ce qui est le plus brillant dans ce spectacle est sans doute la mise en scène et la scénographie, avec la scène qui pivote sur elle-même pour laisser voir parfois la salle à manger, d’autres fois le salon ou encore le balcon extérieur et la cour. En tournant sur lui-même, parfois même pendant qu’une action continue de se dérouler, le décor ingénieux permet des changements de scènes et de lieux sans interruption et avec une fluidité impressionnante. Lire la critique.
5. «Le tour du monde en 80 jours» de Jules Verne, mise en scène de Hugo Bélanger, TNM
Le travail de mise en scène de Hugo Bélanger est brillant sur plusieurs points. Comment évoquer les 27 lieux visités par les personnages principaux en l’espace de deux heures et avec un minimum d’effets spéciaux? Comment illustrer la richesse de chaque culture sur les planches d’une seule et même scène? Les créateurs ont trouvé la solution dans le pouvoir de l’imaginaire. Jeu masqué, marionnettes et danse font partie intégrante de ce style de théâtre très physique. Que ce soit à dos d’éléphant, à bord d’une montgolfière ou dans un train sur le point de dérailler, les chorégraphies créatives bernent habilement le spectateur. C’est que le metteur en scène puise dans les traditions théâtrales de chaque pays visité par l’improbable quatuor. Théâtre d’ombres chinoises, darbuka, bunraku, masques amérindiens et même Broadway, tous se succèdent dans un feu roulant de rebondissements. Hugo Bélanger a su préserver le charme enfantin du récit de Jules Verne. Le jeu des comédiens est ludique sans perdre en rigueur. Lire la critique.
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L'événement en photos
Par Yanick Macdonald, Yves Renaud, Vivien Gaumand, Valérie Remise, Caroline Laberge, Ulysse del Drago, Marc-Étienne Mongrain, Jérémie Battaglia, Marlène Gélineau-Paquette, Gunther Gamper, Julia C. Vona.