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Crédit photo : Pété Photographie (couverture) et pages Facebook des artistes
Nicolas Cournoyer, responsable des relations média pour Igloofest, s’amuse souvent de mon scepticisme envers la neige. Avide fan de snowboard et autres activités glaciales, il m’a souvent martelé que le festival avait été créé, en partie, «pour démocratiser l’hiver».
Alors qu’approche la 10e édition de l’évènement, qui est devenu un phénomène incontournable dans notre paysage culturel, malgré ses détracteurs, et au plus grand bonheur de ses habitués, je me suis laissé impressionner par la programmation à couper le souffle qui soulignera leur première décennie.
Kalkbrenner
Paul Kalkbrenner a eu son baptême nord-américain en 2006 au Lobby Bar. L’évènement était gratuit et Paul dormait sur mon divan pendant les trois jours qu’il a passés à Montréal. En sortant de l’avion qui nous l’avait amené, il m’a aussitôt dit qu’il voulait voir une game des Canadiens et manger du Wendy’s. Après avoir passé une bonne partie de sa jeunesse et de son adolescence du mauvais côté du mur de Berlin, il avait développé une fascination absolue pour les États-Unis, comme tous les petits communistes de son âge.
Le reste, on n’a pas besoin de le raconter: Berlin Calling, la consécration, des tournées incessantes, un mariage, quatre solides albums. Il est revenu à Montréal au moins quatre fois depuis, peut-être moins excessif qu’à ses débuts, mais définitivement toujours aussi efficace sur une scène. Et sa présence dans le line-up est une pièce maîtresse de la programmation 2016. Bien joué!
Des gros noms au menu
Le reste de la programmation est aussi plein de noms dignes de mention. On peut difficilement recenser tout ce qui est immanquable, mais je retiens particulièrement ces quatre:
La Fleur, qui performera le 29 janvier, est une pharmacienne (oui oui) d’origine suédoise qui s’est recyclée dans la musique électronique et, comme beaucoup de ses pairs, elle habite désormais Berlin. Elle a mixé une compilation du club Watergate, une institution de sa ville d’adoption, et ses productions sont habilement texturées, avec des arrangements d’une beauté aussi subtile que frappante.
Le duo italien Tale of Us, formé de Matteo Milleri et Carmine Conte, est reconnu pour pratiquer une techno très planante et émotive, un style bien à eux que plusieurs imitent mais que peu savent égaler. C’est mélodique et dark, avec des influences rock et pop, et une rythmique résolument 4/4. Un son parfait pour aller de pair avec la beauté de l’hiver.
Un pionnier de Détroit comme Carl Craig, ça se refuse difficilement. Il a atteint un statut de légende en contribuant directement au fil des ans à l’histoire de la techno nord-américaine, n’a jamais pris de break, et ses productions et remixes sont toujours aussi pertinents. Attendez-vous à une prestation planante chargée de classiques d’hier et d’aujourd’hui.
Le Texan d’origine cubaine Eric Estornel a commencé sa carrière dans le minimal en tant que Maetrik, et a connu une soudaine explosion de popularité dès ses premières prestations en tant que Maceo Plex, son alter ego techno-cool. On sait toujours quel est le point de départ de ses prestations très courues, mais on ne sait jamais où ça se terminera – souvent quelque part entre la twilight zone et l’au-delà.
Il ne faut pas non plus passer à côté de Modeselektor, les Martinez Brothers, Odd Parents, Michael Mayer, Lunice et Mr. Oizo. Le nombre de locaux de qualité est aussi impressionnant et confirme que notre scène est en très bonne santé et entre de bonnes mains.
Il est donc assez difficile, même pour un grincheux tel que moi, de résister à cette offre. Sachez qu’il existe maintes tactiques pour vous réchauffer en cas de températures extrêmes, que ce soit en vous revêtant de vos plus beaux habits hivernaux, en contribuant à faire baisser la phénoménale quantité de Jager disponible sur les lieux, ou tout simplement en prenant un bain de foule pour vous agiter vigoureusement les membres.
Ça sera sans doute le seul sport d’hiver que je pratiquerai cette année, tout en jouant du coude pour fendre la foule, parce que l’air froid, ça fait du bien au cardio. Il serait idiot de ne pas en profiter, car Igloofest est une expérience unique au monde; entendre les meilleurs DJs et producteurs du monde, environné de 9000 fêtards, entouré d’infrastructures aussi impressionnantes qu’efficaces, en plein cœur d’une saison inhospitalière, c’est ce que j’appelle une particularité culturelle gagnante.
Igloofest se tiendra du 14 janvier au 6 février 2016 au Vieux-Port de Montréal. Revivez en images les éditions précédentes avec les affiches old school du festival!
L'événement en photos
Par Pété Photographie et page Facebook d'Igloofest