LittératureRomans étrangers
Crédit photo : Éditions XYZ
«Est-ce qu’on peut vraiment aider quelqu’un qui veut vraiment mourir?», demande-t-elle un moment donné à sa meilleure amie et complice Aimee, après une dose de grayline qui ne pardonne pas. Même si les deux femmes, affaiblies et complètement stones, n’arrivent pas à offrir d’éclairages aux contours précis à cette question, on se doute qu’elles connaissaient déjà la question avant d’oser la poser à voix haute.
Et c’est en quelque sorte la grande métaphore qui parcoure tel un voile maléfique les 256 pages où Liz Worth nous dépeint une vie de misère où alcool fort et drogues dures ont triomphé sur le bonheur d’être en vie: La Fin est vue comme la mort imminente de l’être déchu, l’Apocalypse étant leur seule issue possible à Ang, Aimee, Hunter, Shelley, Anadin, Cam et Tara, ces êtres décharnés et faméliques.
Mais est-ce que cette métaphore est en réalité une hallucination? Un songe chimique? «Dehors, les chiens sont tous devenus sauvages. Les entends-tu? Les ressens-tu?», lance-t-elle en guise d’ouverture, le dehors étant représenté déjà comme La Fin.
La Vérité est floue dans cet univers à la Requiem for a Dream ou encore Trainspotting, où chacun des personnages flotte dans une existence quasi extracorporelle. Mais l’illusion créée par la fiction, sous la plume poétique et tout en finesse de Liz Worth, fait montre d’un décor béton, puisqu’on a réellement l’envie d’y croire, à cette fin du monde annoncée.
Si la force de l’auteure torontoise reste la clarté de ce tableau de la déchéance humaine, reste qu’il faut s’armer de force et de patience pour traverser, sain et sauf, ce récit loin d’être rose, qui présente ces lourdeurs obligées au détour de plusieurs chapitres.
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de la rédaction