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Francis d’Octobre et Jérôme Minière en programme double à l’Astral

Saisir la portée des mots

Publié le 14 novembre 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mathieu Pothier

Coup de cœur francophone avait prévu une soirée où le travail des mots serait à l’honneur et où chaque parole serait importante, vendredi soir à l’Astral, même si les programmateurs n’avaient pas prévu qu’il n’y aurait finalement rien à dire devant l’horreur de ce qui se passait à Paris en même temps. Heureusement, les amis et la famille du Français d’origine Jérôme Minière étaient tous sains et saufs; et pour démontrer du soutien, Francis d’Octobre avait planifié terminer sa partie avec une chanson de circonstance, dédiée aux victimes. Il ne restait plus qu’à chanter, pour s’évader et retrouver un peu de beauté.

Francis d’Octobre, l’auteur-compositeur-interprète sensible

C’est seul, guitare à la main, que Francis d’Octobre s’est montré sur scène, mais il fût rapidement joint par son complice Alexis Dumais au piano, pour notre plus grand plaisir. Sans rien enlever au potentiel de l’auteur-compositeur-interprète qui s’accompagne et défend seul ses créations, il faut avouer que le piano a instantanément fait son effet, donnant une belle profondeur aux morceaux et permettant même aux chansons une plus grande portée, un effet plus percutant.

C’est pendant la très jolie «Six pieds sous neige» que le piano s’est d’abord fait entendre, et qu’il a même presque sauvé la mise, après une introduction à la guitare de Francis d’Octobre plutôt alambiquée qui manquait de fluidité. L’artiste s’est toutefois rapidement fait pardonner, se montrant tout à fait charmant et discutant avec son public, en plus de lui offrir des prestations pleines de sensibilité.

Ayant amené une ampoule tout droit sortie de son sous-sol pour essayer de recréer l’ambiance dans laquelle ce spectacle a été créé, il en a fait rire plusieurs en demandant: «Ça marche-tu? Vous sentez-vous dans un sous-sol? Moi, si je me laisse aller un peu, je vois presque mon coffre à outils, là.», avant d’entonner «Noir». Il a aussi pris le temps de nous présenter une photo de famille pour nous parler de la démarche de création de son disque Le commun des immortels, avant d’offrir la chanson du même titre, comme une sorte d’hommage à ces gens qu’il n’a pas connus, mais qui font partie de lui.

Entre l’interprétation entraînante de «Ma bête fragile», avec un piano vivant et dynamique, et la jolie «Chercheur d’or», qui a offert une envolée musicale enlevante où autant Francis d’Octobre à la guitare qu’Alexis Dumais au piano a prouvé ses talents de musiciens, en passant par une chanson interprétée toutes lumières fermées, à l’exception d’une seule bougie, ce qui a accentué les paroles sombres du morceau; l’artiste a offert une belle variété d’ambiances et a su donner un bel aperçu de son univers.

D’une belle délicatesse, on l’aura même vu être conscient de la portée de ses paroles en chantant le mot «bombe», en cette soirée de tragédie à Paris. Il aura ainsi terminé la soirée en dédiant la pertinente «Jouet de guerre» aux victimes des attentats, ce qui créa un moment particulièrement saisissant et touchant.