Francis d'Octobre et Jérôme Minière en programme double à l’Astral – Bible urbaine

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Francis d’Octobre et Jérôme Minière en programme double à l’Astral

Francis d’Octobre et Jérôme Minière en programme double à l’Astral

Saisir la portée des mots

Publié le 14 novembre 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mathieu Pothier

«La première chanson commence un peu lentement», nous a d’emblée avertis Jérôme Minière, avant de chanter «Je ne suis pas pressé», la pièce qui ouvre aussi son plus récent opus, Une île. Déjà tout à fait charmant et sympathique, le Québécois d’adoption – qui célèbre ces jours-ci ses 20 années dans la province – a même expliqué à son public, en introduction de «Ressources Minières», que lorsqu’il est arrivé à Montréal, il croyait être le seul à porter le nom Minière, alors que maintenant, «on voit ça partout dans les journaux: on parle de ressources minières». Tout de suite, on a pu saisir la finesse de sa pensée et sa façon de jouer avec les mots.

Accompagné du multi-instrumentiste Denis Ferland et de sa conjointe Marie Pierre Normand, plus discrète à l’arrière à manipuler un rétroprojecteur de salle de classe, Jérôme Minière a pu présenter vendredi soir plusieurs ambiances et univers, correspondant autant à ses projets chantés qu’à ses disques plus électroniques, poétiques et engagés sous son alias d’Herri Kopter. Dans une configuration assez simple, les musiciens ont enchaîné les chansons pendant que l’artiste en retrait s’affairait à créer des animations visuelles avec différents objets.

Magnifique clin d’œil au livret du dernier disque du chanteur, ces projections sur le mur derrière les musiciens étaient très variées, mais malheureusement presque trop animées: presque dérangeantes, elles nous captivaient tant qu’on en délaissait quelquefois notre écoute de Jérôme Minière. Malgré tout, quelques éléments scéniques ont ravi, comme ces sacs en plastique de différents magasins qui sont apparus gonflés, suivant les paroles dénonciatrices de «Une île au stylo bille».

«C’est ton slow cochon, ça, Jérôme?», Denis Ferland a-t-il lancé à la rigolade avant «L’amoureuse», une chanson d’amour de Paul Éluard. C’est véritablement une belle complicité qui unit les deux musiciens, qui se sont taquinés à quelques reprises durant la soirée, notamment durant la lecture par le chanteur du texte «Au lycée Harmonica» de Richard Brautigan, issu de l’ouvrage «Tokio-Montana Express», qui fît place à un beau moment de folie entre les deux et où Jérôme s’est même laissé aller à quelques pas de danse.

Très expressif, jouant presque ses paroles avec son visage en chantant «Postmoderne», Jérôme Minière en a bien sûr ravi plus d’un en interprétant le premier extrait de son dernier album, «L’amour ça s’apprend pas par cœur», dans une version plus épurée que sur disque, mettant l’accent sur les jolies paroles. Très beau et sensible, le numéro a aussi permis la projection de belles diapositives colorées pour illustrer les paroles («L’amour ça s’apprend pas par cœur, ça change sans cesse de couleur»).

Mais au final, c’est micro à la main, pleinement dans l’interprétation de chansons comme «Égo lego» ou de ses projets avec Herri Kopter, à la voix presque parlée, récitée sur fond de musique électronique, que l’artiste se révèle le plus percutant. Même si ces dernières ambiances se sont démarquées du reste des performances, rendant le spectacle un peu éclectique, elles ont été appréciées.

Ce fut particulièrement le cas pour «Quelque chose de rectangulaire», en rappel, alors qu’il demanda aux gens d’aller sur leur téléphone intelligent et de se rendre sur son site pour suivre les paroles de la chanson avec lui. Les visages des gens illuminés dans la salle plongée dans la pénombre; le sien lui-même éclairé par l’appareil rectangulaire dans sa main, chantant une superbe mise en abîme calculée, mais bien pensée, cette finale nous aura laissé dans une superbe ambiance qui nous aura donné envie de nous plonger plus longuement dans les textes poétiques et pertinents de Jérôme Minière, ce créateur créatif.

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Par Mathieu Pothier

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