«Born to be Blue» de Robert Budreau – Bible urbaine

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«Born to be Blue» de Robert Budreau

«Born to be Blue» de Robert Budreau

Portrait d’un génie en perdition

Publié le 24 octobre 2015 par Rachel Bergeron-Cyr

Crédit photo : Les Films Séville

Présenté en première mondiale au TIFF un peu plus tôt cet automne, Born to be Blue, du réalisateur canadien Robert Budreau, a fait un tour par Montréal, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma (FNC). Là où le film réussit, c’est par le choix de l’acteur principal: ici, le talent d’Ethan Hawke est à son apogée. Incursion dans une biographie «fictionnelle» pas du tout conventionnelle.

Le récit commence dans les années soixante, avec un Chet Baker en prison qui reçoit la visite d’un réalisateur d’Hollywood, un certain Nick. Ce dernier souhaite tourner un film biographique sur lui. Mise en abyme? Assurément. Les premières minutes confondent le spectateur. Même si la dissociation du «film dans le film» se fait somme toute rapidement, puisqu’il est tourné en noir et blanc, ça n’empêche pas l’ensemble de flancher vers un récit qui manque de structure.

Entre une bagarre qui nécessitera un séjour à l’hôpital et un réapprentissage pour qu’il puisse de nouveau jouer de la trompette, on assiste visiblement à la rédemption de Chet Baker. Avec de petits contrats ici et là, il essayera de vaincre sa dépendance à l’héroïne. Aidé de sa conjointe et de son agent, l’artiste sensible et torturé fera des enregistrements studios ainsi que des spectacles. Tout semble en place pour qu’une vie nouvelle se dessine. Mais sa dépendance à la drogue sera trop forte et prendra le dessus.

On pourrait se dire que la composition décousue du film est en lien avec un rythme de musique jazz. Mais ce serait un rapport fond/forme en manque cruel de nuances. Il y a eu Whiplash, qui a usé de ce principe d’une fort belle manière. Ce n’est malheureusement pas le cas pour cet opus.

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Le film est alourdi par de trop nombreux allers-retours en noir et blanc. Il y en a tellement, qu’on finit par se demander ce qu’ils apportent à l’histoire, ou s’ils étaient nécessaires. D’autant plus que parfois, ça frôle la faute de goût et le mauvais sentimentalisme. La désagréable impression de regarder un clip suave et mielleux des années 90.

Bien qu’on puisse saluer l’audace et l’imagination de Budreau, qui ont fait de Born to be Blue un projet unique qui sort des sentiers battus, la vie du célèbre trompettiste de jazz se retrouve effacée par cette volonté d’avoir voulu aller au-delà du «biopic» classique. «Trop c’est comme pas assez», dit l’expression. Au final, on n’a pas l’impression de se retrouver devant Chet Baker. S’en tenir aux faits aurait été suffisant et plus crédible. Une vie comme celle-là a assez de matériel pour ne pas avoir à en inventer, même si le produit final se défend d’être une œuvre de fiction.

Par contre, l’interprétation d’Ethan Hawke, qui est très charismatique, sauve la mise. Il est convaincant, tant à la trompette, que les numéros de chant, ou dans les moments de détresse du personnage. S’il y a une chose qui ressort de cette heure et demie, finalement, c’est qu’il est bon de voir jouer cet acteur loin des rôles auxquels il nous a habitués.

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