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Crédit photo : Jiri Kylian et Joris Jan Bos
Ce ballet de style contemporain est inspiré du conte japonais de La Princesse de la Lune. Il s’agit de l’histoire de Kaguyahime, descendue de la Lune afin d’apporter la paix et l’amour aux hommes. Elle n’est qu’un bébé lorsqu’elle arrive sur la Terre, et c’est un coupeur de bambous qui la trouve dans un champ. Il décide donc d’en prendre soin comme si c’était sa propre fille, il la nomme Kaguyahime (celle dont la lumière brille la nuit). L’enfant grandit et devient une femme d’une beauté féerique.
Dès lors, les choses se compliquent; cinq prétendants se livrent une guerre violente dans l’espoir d’être celui qui conquerra le cœur de la Princesse de la Lune. Même l’empereur tentera de séduire la jeune femme, mais tous essuient un refus. Plutôt que d’apporter la paix et l’amour, Kaguyahime, bien malgré elle, constate que sa présence sème le chagrin et le chaos parmi les hommes. Afin de préserver la pureté de son âme, elle quitte la terre afin de mettre un terme aux violences qui prévalent.
Ce spectacle est l’une des premières créations du chorégraphe tchèque Jiří Kylián, qui se spécialise dans le style néoclassique européen. Pour ce ballet, il met en relief trois choses qui sont très importantes pour lui, les thèmes centraux autour desquels évolue sa carrière; les profondeurs de l’âme humaine, créer des ponts entre les cultures et les époques.
Cependant, puisque l’accent est mis sur la chorégraphie complexe et dynamique en ce qui a trait à Kaguyahime, l’âme humaine n’est pas forcément ce qui apparaît comme la pierre angulaire de ce ballet. Les danseurs étaient expressifs, mais sans être très démonstratif, l’histoire et les combats internes des personnages étaient difficilement perceptibles. De plus, l’histoire est racontée de façon abstraite, connaître au préalable permet de mieux comprendre le fil narratif.
Cependant, visuellement ce fut très spectaculaire. La chorégraphie s’inscrit dans la tradition tchèque; l’emphase est donc mise sur les danseurs masculins. Ceux-ci ont eu la chance d’exécuter des enchainements beaucoup plus physiques, comparativement aux danseuses.
Ils ont su faire preuve d’une technique impressionnante, tout en étant en parfait contrôle de leurs mouvements et de leur force. De plus, les pas étaient d’une fluidité remarquable, c’était fascinant. Certains numéros étaient des mouvements plus périlleux où deux danseurs soulevaient la soliste à bout de bras, ce qui était plutôt impressionnant. Les ballerines qui ont personnifié Kaguyahime furent très gracieuses, même si leur rôle n’était pas aussi passionnant que ceux des prétendants.
La mise en scène et les costumes étaient définitivement modernes: les danseurs étaient vêtus de noir ou de blanc, un grand tambour représentait la lune, quatre immenses chevaux étaient suspendus dans les airs, des caissons sur roulettes munis de miroirs et des balançoires. Esthétisme épuré qui marque définitivement une coupure lorsqu’il s’agit d’un conte dont l’origine date du IX ou X siècle. Ce fut très rafraichissant. La musique transposait avec force et finesse la chorégraphie. Lors d’une scène de bagarre plus élaborée, les jeux de percussion et de lumière nous donnaient réellement l’impression que nous étions au cœur d’une tempête orageuse, c’était saisissant.
Par ailleurs, l’une des particularités intéressantes de ce ballet est qu’il y avait un orchestre qui accompagnait les danseurs. De plus, le septuor de percussionnistes japonais Kodo et l’ensemble gagaku Reigakusha (cithares, luths, flûtes, percussions et shô) se sont joint à l’orchestre des Grands Ballets Canadiens.
Lorsque le spectacle s’est terminé, tous ont eu droit à une longue ovation. Les gens ont applaudi plus chaleureusement le chef d’orchestre invité Michael De Roo ainsi que Kodo et l’ensemble gagaku.
Le ballet «Kaguyahime» sera présenté jusqu’au 30 octobre 2015 Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Visitez le site des Grands Ballets Canadiens de Montréal pour de plus amples informations: www.grandsballets.com/fr/spectacle/kaguyahime.
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de la rédaction