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Crédit photo : Festival Fantasia
Présenté en première internationale dans le cadre de Fantasia mardi dernier, Anguish représente un début fort convaincant pour le nouveau cinéaste, malgré quelques faux pas que l’on peut se permettre de lui pardonner.
Soi-disant inspiré de faits réels – une formule si copieusement utilisée qu’elle en perdra bientôt son sens –, le récit commence le jour où Tess (Ryan Simpkins), une adolescente aux lourds antécédents de dépression et d’épisodes psychotiques, s’installe avec sa mère (Annika Marks) dans un paisible patelin au bord d’un lac. Maintenu stable depuis plusieurs années grâce à un arsenal de médicaments, son état commence à dégringoler alors qu’elle réalise que ses hallucinations ne sont peut-être pas issues de sa propre psyché, mais de celle des défunts qui l’entourent. Tourmentée par ce qui semble être l’âme en peine de la jeune Lucy (Amberley Gridley), décédée quelques mois plus tôt dans un tragique accident en bordure du village, Tess s’efforce de rester connectée à la réalité, mais ni médecins, ni prêtres ne parviennent à lui venir en aide. À court de ressources, sa mère s’alliera plutôt à celle de Lucy (Karina Logue) dans une tentative désespérée d’apaiser la détresse de leur fille respective.
Fatigué de tous ces films d’horreur traitant les scènes d’exorcisme de la même manière, Mallhi a révélé au public montréalais s’être inspiré, pour construire son scénario, d’une forme moderne de psychothérapie appelée spirit releasement therapy (thérapie par détachement d’esprits). Selon cette dernière, la mort peut être bonne et mauvaise à la fois et, pour guérir un patient «possédé», il ne faudrait pas seulement se concentrer sur la libération de celui-ci, mais aussi sur celle de l’esprit qui s’y est attaché.
Bref, Anguish repose sur une approche plus spirituelle, plus ancrée dans la réalité, où la peur provient d’un endroit plus humain que dans quelque Insidious que ce soit (quoiqu’on y reconnaisse souvent certains aspects communs). La facture visuelle soignée et l’impressionnant design sonore sont d’importantes valeurs ajoutées à ce film mémorable qui s’éloigne suffisamment des clichés du genre, à l’exception près de quelques sursauts stridents en trop, et porte en lui un propos original et d’actualité sur les enjeux de la maladie mentale. On y observe les tiraillements émotionnels de deux mères et deux filles profondément liées malgré l’adversité, dans un récit effrayant à l’intrigue bien construite.
En espérant que cette autre belle découverte signée Fantasia sera rendue disponible sur DVD ou vidéo sur demande dans les mois à venir…
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de la rédaction