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Crédit photo : Gracieuseté de l'OSM
Pour entamer le concert, le très méticuleux maestro Christoph Gedshold s’est attaqué à une composition de la jeune Canadienne Zosha Di Castri, Lineage. Explorant le thème des transmissions musicales, la pièce évoquait tantôt des univers ludiques, voire enfantins, et tantôt des cours d’eau, rappelant Debussy. À la fin, l’orchestre s’est retrouvé totalement englouti dans le son étouffé d’une trompette. La mélodie très imagée évoquait d’ailleurs quelque chose de gluant et d’aqueux. Bref, cette création originale et captivante de onze minutes mettait en appétit pour le reste du concert.
Fier, Alain Lefèvre est ensuite entré sur scène. Le public, déjà conquis, l’a applaudi chaudement. Le Concerto pour piano en sol qu’il a interprété de façon théâtrale mais nuancée frisait la perfection. L’Allegramente s’est ouvert avec une présence trop marquée de la trompette. Toutefois, le chef s’est vite ravisé. Les airs jazz, inspirés de Gershwin, présents dans le premier mouvement du concerto, ont bien été mis de l’avant.
L’Adagio assai s’est avéré le mouvement le plus réussi. L’entrée du piano était sublime. Lefèvre a réussi à conserver une timidité, une pudeur dans son interprétation. Cette retenue a été respectée par le chef Gedshold qui a compris cette émotion et l’a transmise à l’orchestre à son entrée, et ce, malgré sa direction rigide. Il faut de plus mentionner l’échange passionné et magnifique entre le piano et le hautbois. Puis, le Presto, a agi comme un coup de fouet. Il terminait en beauté le concerto. Comme à son habitude, Lefèvre s’est livré corps et âme sur scène, ce qui a encore une fois époustouflé le public.
Au retour de l’entracte, on présentait la Symphonie no 11 «L’année 1905» de Chostakovitch. Cette œuvre à caractère historique dépeint la révolution ratée de 1905 en Russie. À l’écoute, cette musique soviétique peut semer l’effroi, ou encore ragaillardir une armée de militants selon les mouvements. À ce chapitre, le chef a réussi à imposer sa lecture propre de l’œuvre de Chostakovitch. Plus précisément, la talent de direction de Gedhsold a véritablement rayonné dans le second et le quatrième mouvement. Le premier mouvement, La place du palais – Adagio, manquait beaucoup de contrebasses. De plus, l’entrée était disgracieuse et trop prononcée, ne respectant pas la partition.
Au cours du second mouvement, qui rappelle la panique d’une foule, l’interprétation s’est toutefois avérée intéressante et a réussi à susciter la forte tension souhaitée par Chostakovitch; tension qui ne s’est jamais estompée puisque les auditeurs ont été captifs jusqu’à la dernière mesure du quatrième mouvement. Le concert a permis de redécouvrir cette symphonie qui est décidément un chef-d’œuvre du XXe siècle.
L’interprétation des trois œuvres du concert Lefèvre, Ravel & Chostakovitch était réussie. Toutefois, le choix d’un programme aussi bigarré est discutable. La onzième symphonie de Chostakovitch a sans nul doute éclipsé le concerto de Ravel. À la fin du concert, le public bien impressionné et encore surpris par le Chostakovitch, se demandait presque pourquoi Alain Lefèvre vendait son nouvel album dans le foyer… Eh oui! Il était bien présent en première partie!
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Di Castri, Lineage
2. Ravel, Concerto pour piano en sol
3. Chostakovitch, Symphonie no 11 en sol mineur, op. 103, « L’année 1905 »