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Crédit photo : Gracieuseté de l'OSM
On nous promettait un concert gracieux, appelant (enfin) la renaissance, l’éveil, les couleurs et les balbutiements du printemps. Deux super stars de la musique classique étaient au rendez-vous. Le programme de soirée, magnifiquement bien écrit, a semé de grandes attentes chez le public: tout pour l’émoustiller et pour lui rappeler l’arrivée du printemps. Pourtant, le public est resté sur sa faim. Sir Roger Norrington et l’OSM ont livré une interprétation sans éclat. L’OSM manquait d’énergie, et ce, dans les deux œuvres.
Symphonie no 1 en si bémol majeur de Schumann, op. 38 «Le Printemps»
L’arrivée sur scène de maestro Norrington s’est faite tout en sagesse, signe d’un chef aguerri, en contrôle. Le Britannique de 81 ans s’est assis pour diriger cette symphonie inspirée du chant des oiseaux et du thème de l’éveil que Schumann s’est amusé à explorer en 1841.
L’Andante s’est amorcé avec la présence trop soutenue des contrebasses. Rapidement, les spectateurs ont constaté le manque d’énergie généralisée de l’orchestre. Les crescendo n’étaient pas appuyés et restaient marginalisés. Le mouvement souffrait d’une absence d’intensité. On recherchait en vain l’éveil printanier et le foisonnement des harmonies promis.
Le Larghetto, le Scherzo et l’Allegro ont été enchaînés sans arrêt. Le rendu de ces mouvements était honnête. Il faut mentionner la magnifique interprétation du thème par les violoncelles et la présence rafraîchissante de la flûte. En effet, le flûtiste solo a fait un travail remarquable. À la fin de l’Allegro, l’orchestre a enfin trouvé le rythme et l’énergie attendus. Un moment agréable, mais trop court!
Concerto pour violon en ré majeur de Brahms, op. 77
On le sait, ce concerto s’avère l’un des plus exigeants du répertoire pour violon solo. Il demande de la finesse, de la spontanéité, de l’exubérance et de la rage: un vrai défi.
La violoniste allemande Arabella Steinbacher qui s’est approprié l’œuvre de Brahms a relevé ce défi, mais pas sans défauts. Son jeu était théâtral, presque agressif. D’ailleurs, elle a accroché à quelques reprises son violon avec son archet.
Les lignes écrites par Brahms dans l’Allegro sont exquises et confirment son génie. Cependant, Steinbacher a raté quelques entrées qu’elle a jouées cavalièrement et qui en ont fait sourciller quelques-uns. Ça ne méritait pas les chauds applaudissements qu’elle a reçus après ce mouvement. En plus de graves problèmes de décalage sont survenus entre l’orchestre et la soliste. Ceci n’a permis aucune spontanéité chez la soliste qui, timorée, s’en tenait aux lignes sans extravagance.
L’Adagio, que Brahms qualifiait de «médiocre», a ravivé l’attention des spectateurs. Le hautbois a magnifiquement joué et chauffé la soliste qui s’est enfin imposée. Steinbacher a bien appuyé les passages d’inspiration tzigane proposés à Brahms par Joseph Joaquin, violoniste hongrois, lors de la composition. Dans ce mouvement, la soliste retenait les notes aiguës et les déposait à merveille, soutenant une tension intéressante. L’intensité et l’éveil que l’on recherchait arrivaient enfin!
C’en est suivi un Allegro giocoso convenable, mais sans exubérance qui a clôt le concert. On aurait apprécié un peu plus de fougue dans ces passages connus par le public.
En sommes, le «Printemps de Schumann» n’a ni renversé ni rassasié le public. L’interprétation d’hier ne rendait pas honneur à l’intensité et aux couleurs recherchées dans les œuvres de Schumann et de Brahms. Le printemps promis par l’OSM s’avère frisquet.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Symphonie no 1 en si bémol majeur de Schumann, op. 38 «Le Printemps» de Robert Schumann
2. Concerto pour violon en ré majeur de Brahms, op. 77 de Johannes Brahms