«Nègres noirs, nègres blancs: race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal» – Bible urbaine

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«Nègres noirs, nègres blancs: race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal»

«Nègres noirs, nègres blancs: race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal»

Montréal, épicentre du Black Power selon David Austin

Publié le 20 avril 2015 par Audrey Neveu

Crédit photo : Lux Éditeur

Qui sait que Montréal a déjà été l'épicentre du mouvement du Black Power en Amérique? La ville a pourtant accueilli le Congrès des écrivains noirs en octobre 1968, un événement marquant pour le Black Power. C'est cette face cachée de la métropole que David Austin s'applique à révéler dans «Nègres noirs, nègres blancs: Race, sexe et politique dans les années 1960 à Montréal», publié en français aux Éditions Lux.

Le professeur du cégep John Abbott s’attaque sans détour au passé apparemment lisse et parfait du Canada. Le mythe veut que, contrairement à son voisin américain, le Canada n’ait pas de passé colonial. Or, David Austin déconstruit implacablement cette idée reçue, décrivant le traitement défavorable que vivaient les Noirs du Canada dans les années 60.

Il dresse aussi un parallèle avec l’appropriation par les Canadiens français de l’étiquette «nègre», comme Pierre Vallières l’avait fait dans son essai «Nègres blancs d’Amérique», paru en 1968 aussi. À cela, Austin oppose la question fatidique: Si les Canadiens français sont des nègres, les Noirs sont quoi, eux?

Le sujet est inédit, incongru presque, mais franchement intéressant. Qui aurait cru que Montréal a été, un certain temps, ce lieu où des figures importantes comme C.L.R. James, Stokely Carmichael et Rosie Douglas se sont réunis dans un grand acte de solidarité et de réflexion sur l’humanité qu’était le Congrès des écrivains noirs? David Austin fait ici un remarquable travail d’historien, décrivant explicitement tous les personnages importants présents au Congrès, leurs idées et les enjeux de pouvoir.

Le récit qu’il en fait est fascinant, mais il ne réussit malheureusement jamais à capter l’attention du lecteur de manière soutenue très longtemps. Les passages sur la place du féminisme dans le mouvement Black Power ou le mythe du Canada non raciste sont d’une grande pertinence, mais ils sont cependant perdus dans de longs passages à vide où l’on se perd dans les détails dont le lecteur comprend mal l’importance.

Malgré tout, il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un petit ouvrage incroyablement documenté. Il amorce une réflexion extrêmement importante sur la place des Noirs au Canada, le passé colonial du pays et comment l’accepter pour s’émanciper. Dans le cadre du mois de l’Histoire des Noirs, en février 2015, et sa suite, l’ouvrage vaut une place d’honneur pour son apport au débat public.

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