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Crédit photo : Jérémie Battaglia
Dans Ils étaient quatre, quatre amis acteurs, Mani Soleymanlou, Éric Bruneau, Guillaume Cyr et Jean-Moïse Martin, jouent leur propre rôle, ou plutôt une version grossie et exagérée d’eux-mêmes. Dès le début de la pièce, ils sont présentés en voix hors champ par Denis Bernard, directeur général et artistique du Théâtre La Licorne, immédiatement après son mot de bienvenue ainsi que le traditionnel message pré-spectacle, nous rappelant d’éteindre nos téléphones. Denis Bernard promet également un «plongeon dans l’univers masculin des trentenaires», et c’est exactement ce que nous fait vivre Ils étaient quatre en à peine un peu plus d’une heure.
Éric, Guillaume et Mani insistent pour que Jean-Moïse les accompagne dans un party, LE party à ne pas manquer, surtout que c’est la première soirée libre de Guillaume depuis que son bébé est né. Jean-Moïse, surnommé J-Mo par ses amis, hésite. Il n’a pas beaucoup d’argent, il est tanné de faire la fête comme s’il n’y avait pas de lendemain, s’est promis de ne plus prendre de drogues et a presque coupé l’alcool. À 36 ans, il essaie de comprendre pourquoi il «ne réussit pas tant que ça», pourquoi il vit un sentiment d’échec, «un échec social parce qu’[il] ne peut s’offrir plus».
Il accepte finalement de les suivre, et un peu malgré lui, se fait prendre au jeu, et dérape aussi solidement que ses amis. La soirée commence plutôt tranquillement, mais s’intensifie au rythme des nombreux shooters et des gélules de MDMA consommées par les quatre amis.
Placés en ligne droite, côte à côte, parfois debout, parfois assis sur des haut-parleurs, chacun raconte sa version de la soirée, dans des témoignages qui s’emmêlent, se contredisent, se confirment et se heurtent. Chacun se pose des questions différentes, chacun a une façon différente de voir les choses, dans la vie comme lors de la soirée, notamment en ce qui concerne la belle fille. Et pourtant, ils finiront exactement tous à la même place.
Le texte d’Ils étaient quatre a été écrit par Mani Soleymanlou et Mathieu Gosselin, mais les trois autres y ont grandement participé et c’est probablement ce qui lui donne ce grand naturel. Rien n’est plaqué, rien n’est récité, tout est simplement dit et vécu dans ce texte très parlé, où même les quelques accrochages semblaient presque planifiés. Les dialogues sont absolument géniaux, pas tant par ce qu’ils disent, mais pour la façon dont ils sont interprétés. On regarde Ils étaient quatre comme si on assistait à la même soirée.
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de la rédaction