SortiesConcerts
Crédit photo : Corentin Hignoul
Sur cette scène très intime, celui que plusieurs admirateurs se plaisent à décrire comme le dernier crooner de l’époque techno ne fait toutefois pas preuve d’une présence très physique. Car Jay-Jay Johanson ne joue pas que les romantiques, mais aussi les grands timides.
Comme un trop gentil garçon au premier rendez-vous, il courbait le dos et semblait plus intéressé au verre avec lequel il est entré sur scène qu’aux yeux qui le fixaient patiemment, se retirant souvent dans l’ombre pour laisser toute la place à son claviériste, manifestement plus à son aise que lui.
Et il s’est avéré très patient, justement, ce public, qui, pas plus que le chanteur de charme, n’osait un geste. Les spectateurs ont-ils simplement été pris au dépourvu? Au contraire, parmi les nombreux «habitués» à lever la main lorsque l’artiste leur a demandé s’ils avaient assisté à sa dernière tournée, certains ont même rapporté avoir trouvé Jay-Jay particulièrement en forme ce soir-là.
Pour l’acclamer, les spectateurs n’attendaient que le bon moment, celui qui leur rappellerait l’époque des albums Tatoo (1998) et Poison (2000), où la voix délicate et les sonorités à la Johansson résonnaient partout dans les cafés et les bars de notre métropole le moindrement ouverts aux tendances électro. Ces albums avaient été précédés d’un autre, en 1997, intitulé Whiskey, dont est extraite la chanson titre de la soirée So Tell the Girls That I Am Back in Town.
Pourtant, en l’entamant, Jay-Jay Johanson n’a pas récolté l’adulation, pas plus d’ailleurs qu’avec Believe In Us, dont il a offert une version plus acoustique, ou encore pour I Miss You Most of All, une chanson dédiée à son épouse, qu’il a interprété en y investissant toute sa tendresse.
C’est lorsque, enfin, il a laissé entendre Escape, puis Milan, Chicago Madrid, Paris, qu’il s’est attiré les acclamations, et ensuite avec She’s Mine But I’m Not Hers, une chanson évoquant un amour impossible pour une victime de violence conjugale, qu’il a réussi à tirer quelques larmes.
Mais, dans cette petite salle, encore faut-il se centrer sur la voix, malgré le «mur du son» des rythmes synthétiques qui s’appesantissent dessus. Ceux qui étaient venus à la recherche de cette ambiance s’en délectaient néanmoins davantage qu’en écoutant la belle musicalité plus sobrement accompagnée de She Doesn’t Live Here Anymore.
Ces nostalgiques ont réagi avec d’autant plus de ferveur lorsque la fin du spectacle a été annoncée. C’est dans les ovations et les applaudissements que furent alors accueillis I’m Older Now et On the Other Side.
Malgré la fin de ces tristes chansons, les admirateurs n’ont pas tant de raisons de s’accabler puisque ce créateur suédois reviendra rythmer le romantisme lors du prochain Festival International de Jazz de Montréal.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. It Hurts Me So
2. Dilemma
3. Mr Fredrikson
4. Even in the Darkest Hour
5. She Doesn't Live Here Anymore
6. She's Mine but I'm Not Hers
7. So Tell the Girls That I Am Back in Town
8. Tomorrow
9. I Miss You Most Of All
10. Milan Madrid Chicago Paris
11. Skeletal
12. Driftwood
13. I'm Older Now
14. Hawkeye
15. Believe in Us
16. On the Radio
17. On The Other Side
18. I Fantasize of You
19. Rocks in Pockets