«L'océan vu du cœur»: une aventure captivante qui nous fait découvrir la beauté des océans – Bible urbaine

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«L’océan vu du cœur»: une aventure captivante qui nous fait découvrir la beauté des océans

«L’océan vu du cœur»: une aventure captivante qui nous fait découvrir la beauté des océans

Éduquer pour inciter le changement

Publié le 25 juillet 2024 par Manon Beauchemin

Crédit photo : Maison4tiers

Dans «L’océan vu du cœur», Iolande Cadrin-Rossignol et Marie-Dominique Michaud nous amènent rencontrer des spécialistes passionnés des océans qui sonnent l’alarme quant aux nombreux enjeux qui les menacent et nous informent sur les différentes espèces marines. Cette suite de «La Terre vue du cœur» est également l’occasion de voir au grand écran, et ce, pour une dernière fois, l’astrophysicien Hubert Reeves, qui a très longtemps milité pour la cause environnementale.

L’océan vu du cœur s’ouvre sur les images d’une marée, puis de l’océan, avec la voix apaisante d’Hubert Reeves qui nous interpelle dès le début.

«Nous sommes le système le plus organisé, le plus efficace, et c’est là qu’est le problème», explique ce dernier.

Image tirée du film «L’océan vu du cœur»

Dans ce documentaire d’une durée de 1 h 36 minutes, une quinzaine de scientifiques, militants et explorateurs, dont l’auteur et sociologue Frédéric Lenoir ainsi que l’explorateur et caméraman sous-marin Mario Cyr, abordent les différentes menaces qui détruisent l’océan et la biodiversité, et qui entraînent de sérieuses conséquences sur l’environnement.

Parmi elles, la destruction et la surexploitation des ressources, la dissémination des espèces invasives et la vitesse accélérée avec laquelle se réchauffe le climat.

S’entourer de collaborateurs passionnés

C’est à la suite de Conteur d’étoiles (2002), un portrait documentaire de 52 minutes qui porte sur Hubert Reeves et qui est toujours disponible sur le site de l’ONF (Office national du film du Canada), que Iolande Cadrin-Rossignol a eu l’idée de réaliser un deuxième film avec lui.

Du big bang au vivant (2010) est né de son désir de laisser le scientifique québécois s’exprimer davantage sur l’astrophysique. Puis, La Terre vue du cœur (2018), a été l’occasion pour ce dernier de transmettre sa passion pour la cause environnementale.

«Je me suis dit qu’il fallait faire un film que sur l’environnement avec lui, parce que c’était son principal sujet d’intérêt», dit-elle, en entrevue. «Il fouillait sans arrêt, il savait tout. Il en parlait dans toutes ses conférences […]».

Hubert Reeves dans le film «L’océan vu du cœur»

Après le succès de La Terre vue du cœur, des amis français, qui sont des navigateurs passionnés, lui ont suggéré de se concentrer sur les océans. Ils ont d’ailleurs accompagné l’équipe lors du tournage en Polynésie française.

Marie-Dominique Michaud, qui était la productrice du documentaire précédent, a souhaité jouer un rôle plus important que lors du premier film et s’est ainsi jointe au projet à titre de coréalisatrice. Elle s’est déplacée jusqu’en Colombie et en Polynésie française pour aller à la rencontre de spécialistes qui ont accepté de partager leur savoir devant la caméra.

Toutes ces personnes ont d’ailleurs beaucoup inspiré Mme Cadrin-Rossignol lors de la conception de ces deux films. «Ce sont des gens passionnés par ce qu’ils font […] ces gens-là doivent être à l’écran et parler de leur passion.

Mieux connaître notre planète

Les nombreuses images filmées sous l’eau par l’équipe technique donnent réellement envie de plonger dans l’univers fascinant des animaux marins. Parmi elles, celles captées par le caméraman québécois Mario Cyr d’une baleine à bosse et de son bébé sont particulièrement magnifiques et en attendriront plus d’un.

Les deux réalisatrices se sont d’ailleurs entendues avant le début du tournage pour que leurs caméramans soient aptes à filmer sous l’eau afin d’inclure du matériel original plutôt que du matériel d’archives. «Ça ne sert à rien de parler de l’océan si c’est pour ne pas aller dedans», avoue Iolande Cadrin-Rossignol.

Image tirée du film «L’océan vu du cœur»

Plusieurs aspects de la vie sous-marine sont explorés par les nombreux collaborateurs, dont le rôle du plancton, la reproduction des coraux, ou encore la contribution des baleines. Cela permet d’en apprendre plus sur les différentes espèces qui habitent les océans et sur l’importance de chacune d’entre elles.

La manière dont les océans parviennent à se régénérer, et ce, malgré les nombreux dangers qui les guettent, est non seulement inspirante, mais elle permet aussi d’entrevoir une lueur d’espoir face à la lutte environnementale.

La sexualité complexe des coraux et leur capacité d’adaptation a d’ailleurs réellement étonné la réalisatrice. On apprend, entre autres choses, que ces organismes vivants peuvent passer de mâles à femelles, et vice versa, afin de se reproduire. «Je ne savais pas qu’il y avait ce genre d’organisme là dans la nature», admet-elle. «Il y a toutes sortes de choses qui sont incroyables, et il faut commencer à en parler, parce qu’on a tout à apprendre de la nature».

Des sujets plus étroitement liés à l’humain sont également abordés. La surpêche, l’épuisement des ressources, de même que la pollution, montrent le lien trop souvent attentatoire qui unit l’homme à l’océan et transmet l’urgence d’agir.

Conscientiser sans décourager

La réalisatrice ne souhaite cependant pas créer un sentiment de panique au sein du public, mais plutôt informer celui-ci sur les enjeux auxquels doit faire face la Terre dans le but de mieux sensibiliser.

«Je pense que les gouvernements, comme l’ensemble de la population, ont beaucoup de difficulté à digérer le message qu’il faut agir», dit-elle. «C’est pour ça que je fais des films qui ne doivent pas être décourageants».

Il suffit, selon elle, de trouver un moyen efficace pour rejoindre le public sans pour autant créer la panique au sein de la population. Dans cette optique, utiliser le témoignage d’experts est tout indiqué. «Je ne prétends pas que les films nous donnent une vision qui permet de connaître l’océan au complet, mais ça nous apporte, à travers ces gens-là, un aperçu de ce que c’est.»

Image tirée du film «L’océan vu du cœur»

Le discours alarmant, voire traumatisant, transmis à plusieurs reprises dans les dernières années, selon lequel «bientôt, ce sera foutu» est, d’après elle, une très mauvaise manière d’aborder ces sujets sensibles. «C’est violent», s’indigne la réalisatrice. «Je pense qu’aucune génération n’a abordé l’avenir de ces jeunes de manière aussi violente qu’on le fait», explique-t-elle.

Même si le long métrage documentaire énonce les nombreux défis qui assaillent les océans, il n’adopte pas pour autant un ton alarmant ou accusateur; il mise plutôt sur l’éducation et sur l’émerveillement. «C’est important que les gens voient la beauté de tout ça», souligne Mme Cadrin-Rossignol.

À la source de ce désir d’informer le public se trouve une citation de Jacques Cousteau, un officier de marine et océanographe français, que la réalisatrice trouve particulièrement importante: «On protège ce qu’on aime et on aime ce qu’on connaît».

Dans cette perspective, toutes les facettes abordées dans le documentaire permettent d’effectuer un véritable tour d’horizon de la situation dans les océans et de sensibiliser à la cause. 

Les merveilleuses images des poissons et des coraux, de même que l’avis des nombreux spécialistes, nous donnent certainement envie d’en faire plus pour venir en aide à notre planète. Certaines images difficiles, comme celles des ailerons de requins qui sont coupés en grands nombres pour faire de la soupe en Asie, ou des chalutiers qui raclent les fonds marins et qui tuent des poissons par milliers sont, quant à elles, nécessaires pour éveiller les esprits.

S’unir pour un avenir meilleur

Pour motiver le changement, la réalisatrice croit qu’il est important de s’unir pour faire des pressions. «Tout seul, on ne peut pas faire grand-chose».

Se joindre à un ou des groupes qui ont à cœur l’environnement et qui se trouvent près de chez soi est, selon elle, une belle initiative pour amener des changements de la part des autorités.

Image tirée du film «L’océan vu du cœur»

Elle croit également que ces enjeux doivent être discutés dans les médias afin de conscientiser le plus de monde possible quant à l’avenir de notre planète.

À la fin du documentaire, le message suivant s’affiche: «Ce film est dédié aux enfants». Cette mention renvoie sans aucun doute aux défis de taille auxquels devront faire face les générations futures si aucun changement significatif n’est apporté. «Il faut qu’on soit tous sensibles à ce qu’on peut faire», rappelle la réalisatrice.

L’océan vu du cœur a reçu plusieurs récompenses dont celle du Prix du public au Festival Vues sur mer 2024 et le Prix du jury au Festival International du Film Écologique et Social 2024 à Cannes. Il sera présenté gratuitement dans le cadre de l’évènement Cinéma sous les étoiles le 15 août prochain à la Biosphère de Montréal. Sur ce, bon visionnement!

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