Littérature
Crédit photo : Sarah Scott
«Il y a beaucoup de moi dans ce roman-là. Même si l’autofiction n’est pas trop mon genre, j’ai voulu rassembler mes souvenirs d’enfance et d’adolescence, sans oublier ceux que j’avais de mes parents!, pour écrire cette histoire qui me hantait depuis longtemps», nous a avoué Johanne Seymour, visiblement en paix, depuis.
L’auteure avait également envie de se reposer, un temps, des enquêtes policières de Kate McDougall, dont elle a fait paraître le cinquième volet en 2012, afin d’adopter une plume plus légère qui lui permettrait de prendre une pause de sa célèbre enquêtrice. «Contrairement à ma série d’enquêtes, je n’ai pas fait de plan au préalable pour Wildwood. Après tout, Stephen King, dans son livre-essai On Writting (Mémoires d’un métier), affirme que les histoires sont en nous et qu’elles ne demandent qu’à sortir. L’adolescence, le Vietnam, le choc post-traumatique… toutes ces réflexions ne demandaient qu’à éclore, et j’ai décidé de vérifier s’il avait bel et bien raison.»
Johanne Seymour s’est donc prêtée au jeu de l’écriture et a décidé de faire aveuglément confiance au maître de l’horreur et du fantastique afin d’écrire un roman qui allait contenir à la fois des éléments autobiographiques et fictionnels, et qui allait aussi l’aider à exorciser ces «choses qui l’ont toujours interpelée, hantée et fascinée depuis sa propre adolescence».
Sa protagoniste Michelle Trudel n’a jamais réellement été confrontée à la violence du quotidien, et ses vacances en famille à Wildwood, qui n’en seront pas réellement!, ouvriront ses œillères à jamais. «Comment Michelle peut-elle comprendre ce qu’est la violence si elle ne l’a jamais vécue?», s’est questionnée Johanne Seymour, laissant en suspens cette question valant un million de dollars. Et effectivement, l’adolescente y sera confrontée lorsqu’elle découvrira le cadavre d’une femme assassinée sur la plage, évènement déclencheur d’une série de questionnements existentiels au sein de l’histoire.
Wildwood, c’est un roman d’apprentissage qui se dévore en quelques heures et qui offre, au-delà de cette fiction doublée d’une enquête policière en trame de fond, de belles pistes de réflexion sur l’adolescence, la violence, la guerre et ses ravages, et surtout, l’amour. Michelle Trudel y laissera certainement de nombreuses parts d’elle-même, notamment son innocence et son adolescence: «Elle ne sera plus jamais la même personne en revenant de là-bas», a-t-elle ajouté.
Pour les amateurs du genre, Johanne Seymour présentera, dès le printemps 2016 sur les ondes de Séries+, une minisérie policière de six épisodes d’une heure chacun inspirée de son premier roman Le Cri du cerf (Expression noire, 2005).
Prêt(e) pour un jeu-questionnaire afin de mieux connaître Johanne Seymour?
Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder le festival de littérature policière «Les Printemps meurtriers de Knowlton» en 2012?
«Pour redonner ses lettres de noblesse au genre et parce qu’il y a peu de tribune pour la littérature en général. Heureusement que ça tend à changer un peu, mais il y a encore des gens, en 2014, qui considèrent la littérature policière et fantastique comme un sous-genre.»
D’où vient cette passion pour les polars et les enquêtes policières?
«D’Arsène Lupin et de son roman Gentleman et voleur. Ce fut un coup de foudre.»
Quels sont les meilleurs romans que vous avez lus cette année?
«La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker, mais également Nous étions le seul de la mer de Roxanne Bouchard, un très beau polar poétique chez VLB éditeur. Sans oublier Sous la surface de Martin Michaud.»
Quel est le livre qui vous a le plus secoué dans votre vie?
«Mystic River de Dennis Lehane. Un vrai petit chef d’œuvre.»
Quelles sont vos téléséries policières favorites?
«Sherlock, la série originale et anglaise, Luther, The Fall et, bien sûr, The Killing.»
- Site officiel des éditions Libre Expression: www.editions-libreexpression.com/johanne-seymour
- Page Facebook de l’auteure: www.facebook.com/johanne.seymour.